Brulhatour

Les puissantes solutions algorithmiques remplaceront, dans un avenir proche, de nombreux métiers et autres savoir-faire qui font aujourd’hui la fierté des secteurs de la radio et l’audio digital. Un futur pas si éloigné qui, assez curieusement, ne constitue pas un sujet de conversation, encore moins un sujet d’inquiétude derrière les consoles. Et pourtant, personne n’y échappera : du programmateur à l’animateur.



Ça coutera moins cher. Ça demandera moins d’efforts. Cela semble correspondre à l’ère du sans effort dans laquelle nous venons d’entrer. Une ère incarnée par l’Homo numericus (1), un consommateur qui veut tout, tout de suite, en faisant le moins d’efforts possibles ou mieux, aucun effort. L’essor des livres audio, avec l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché (2), est symptomatique de la période qui s’ouvre devant nous.  L’ère du sans effort est désormais celle de celui qui se déplace en trottinette électrique, de celui qui prend l’escalator au lieu d’emprunter l’escalier, de celui qui ne descend pas de sa voiture devant son portail électrique, de celui refuse les 500 mètres aller-tour pour chercher son repas et qui préfère être livré manu militari.
Cette ère du sans effort est rendue possible grâce aux développements numériques, technologiques et algorithmiques qui s’accélèrent et ne s’arrêteront pas. Elle aussi est encouragée par de profonds bouleversements sociétaux (3), paradis des canapéistes.

À la radio, y aura-t-il un intérêt à réduire les effectifs ? À entrer dans cette ère du sans effort ? Pourquoi d’ailleurs le ferait-on ? Principalement pour baisser les coûts et, paradoxalement, pour affiner le programme et ainsi gagner en audience.
Ce n’est pas un raisonnement saugrenu que de penser que, parce ce qu’il y aurait moins de salariés dans une radio, il y aurait davantage d’audience. C’est même parfaitement ce qui semble se dessiner grâce à l’émergence de nouvelles solutions numériques parmi lesquelles l’intelligence artificielle. Elle n’a ni les défauts, ni les inconvénients d’un individu. En revanche, elle optimise ses tâches. Les améliore en permanence. Les affute. La course avec l’individu est gagnée d’avance. Une bascule vient d’ailleurs de s’opérer récemment : une intelligence artificielle (4) a été nommée PDG. Comment ont réagi les 3 300 salariés ? À votre avis ? Ils n’ont probablement pas réagi. C’est ça, le plus terrifiant.
Alors, autant envisager notre remplacement progressif et partiel par la machine. Des secteurs entiers sont déjà concernés. Et, ça ne date pas d’hier (5). Il n’y a aucune raison pour que les secteurs de la radio et de l’audio digital y échappent.

Les plus exposés

L’animateur
On sait synthétiser une voix. C’est pas encore très joli mais ça va s’améliorer. Plus encore, on sait faire parler un programme. Prendre une voix naturelle (une vraie voix), et lui faire dire, présenter ou animer un créneau dans un autre flux, à un autre ou au même moment, en assemblant des sons et des syllabes qui sont les siennes, dans d’autres conditions, pendant 5 heures, 6 heures ou 24 heures… C’est tout à fait possible. On pourra choisir son débit, son timbre, son style… Et roule ma poule. Le speech-to-text est déjà très prometteur. Le text-to-speech, c’est le bout du bout. Et c’est demain. Et, je vous pose un billet que l’auditeur ne fera pas la différence.

Le programmateur
C’est probablement celui qui fera partie de la première charrette. Grosso modo, on sait tous comment évolue un titre, de sa naissance à sa mort. Le processus est le même depuis des décennies. Demain, l’intelligence artificielle pourra prendre en compte mille et une données en temps réel, sur mille et un supports et en tirer la substantifique moelle. Le titre pourra ainsi être plus ou moins joué à l’antenne, retiré d’une playlist, intégrer un bloc "Récurrents" ou "Golds", prendre dans la direction du "Frigo" ou du "Congélo". Toutes ces étapes seront conduites, sans intervention humaine, par l’ordinateur lui-même qui élaborera la programmation idéale à condition de lui mettre à sa disposition une base musicale extrêmement qualifiée, base qu’il pourra, à terme, qualifier lui-même…

Le présentateur
Un flash et un journal exigent un travail colossal en amont pour seulement quelques minutes d’antenne. Le choix des infos, la course à l’information, leur réécriture, leur hiérarchie… Tout cela sera engagé par la machine. Aujourd’hui, ce travail demande donc souvent plusieurs heures pour seulement quelques minutes d'antenne. Demain, il nécessitera quelques minutes, voire quelques secondes, pour la même durée qu’aujourd’hui à l’antenne. Pourquoi s’embarrasser d’un présentateur ? Alors, forcément pour les interviews, je vous l’accorde, on peut s’interroger sur la capacité de la machine. Pas sur sa capacité technique mais sur sa capacité à être sensible et créative. Pour autant, avec l’audiométrie portable (et des résultats qui sont déjà disponibles en moins de 24 heures), la machine adaptera le contenu en temps réel.

Le planificateur publicitaire
Ce que l’on a dit au sujet du programmateur musical peut parfaitement s’emboiter à la profession de planificateur publicitaire. Déjà que le métier n’est absolument pas grisant, et surtout répétitif, voilà de quoi régler définitivement le problème. La machine prendra le relai et le prendra beaucoup plus vite et beaucoup mieux que vous. Elle ne commettra pas d’erreur humaine. Elle pourra marteler cette très ancienne maxime latine  : "Errare humanum est, perseverare diabolicum". Le placement des spots dans les écrans via une intelligence artificielle, c’est aussi pour demain. 

Les moins exposés

Le reporter

C’est la clé de voute de la proximité. Un des derniers liens réels avec le terrain. Son rôle va bien au-delà de réaliser des reportages et de ramener du son. Si on le voit, alors on voit la radio. Sur place, il collecte l’information mais, plus encore, prend le pouls de la société, fait remonter des tendances, soigne les relations avec les individus qu’il rencontre. Le reporter est le dernier lien qui vous unit au terrain. Si vous le faites sauter, le lien disparait instantanément.

Le chargé de promotion
Comme le reporter, il est un trait d’union indispensable. Il rapproche ou éloigne les forces vives de votre antenne. Il soigne votre image. La machine l’observe d’un mauvais oeil car le chargé de promotion est doué de deux qualités qu’elle n’a pas encore eu le temps de développer : la créativité et la sensibilité. Ce sont deux notions qu’elle ne comprend pas encore. Parce qu’elles sont souvent bien différentes d’un individu à l’autre…

Le producteur
C’est un chef d’orchestre. Il est rémunéré pour produire des programmes de qualité, j’entends par là des produits qui génèrent de l’audience. Autrement dit, des programmes qui doivent être écoutés par un maximum d’auditeurs (d’ailleurs l’inverse existe-t-il ?). Il utilise les meilleures outils qui sont à sa disposition, fait souvent des choix difficiles et taille parfois dans les effectifs. Il n’y a aucune raison pour qu’il change de fusil d’épaule. Bien au contraire…

Le technicien
S’il doit n’en rester qu’un, ce sera probablement lui, le dernier Jusqu’à ce que la machine puisse se réparer elle-même est la boucle sera bouclée. Pour toujours.

Morale de l’histoire…

La sensibilité des individus, dans un studio ou ailleurs, fait toujours la différence notamment dans les systèmes créatifs. C’est ainsi que l’individu se démarque, certes de moins en moins, de la machine. Mais, l’homme de radio a aussi d’autres qualités, d’autres traits et d’autres vertus. Au-delà de la seule sensibilité qui caractérise un animateur ou un journaliste, il y aussi la sensitivité, l’affectivité (cette aptitude que vous avez à dire "j’aime" ou "je n’aime pas"), la clairvoyance, le ressenti, la finesse, le bon goût, voire l’amabilité…
Tous ces traits de caractère, qui composent l’homme de radio, sont des attributs très subjectifs pour l’algorithme. De facto, la subjectivité ne peut faire et être la machine qui, elle, repose sur un fondement strictement mathématique.
Moralité : soyez créatif et sensible pour ne pas être remplacé !

(1) Homo Numericus  "La civilisation" qui vient de Joël Cohen - Albin Michel
(2) Le Suédois Storytel arrive sur le marché français - La Lettre Pro de la Radio
(3) Portrait du citoyen hyperconnecté en 2019 - Radio-Canada Ohdio
(4) Une femme robot pilotée par une IA devient PDG d'une entreprise - franceinfo
(5) Les luddites se rebellent contre les machines - Herodote
 

Rédigé par Brulhatour le Vendredi 30 Septembre 2022 à 17:42 | Commentaires (1)

Ce ne sont pas les 6 (petits) millions d’auditeurs qui écoutent quotidiennement France Inter dont on vous parle. Ni les presque 40 millions d’auditeurs qui écoutent la radio française chaque jour. Non, non, non… Ceux là, ils sont beaucoup plus nombreux. Plusieurs centaines de millions. 747 pour être précis. Selon les projections, c’est le nombre de personnes qui parleront français à l’horizon 2070 sur la planète. C’est un gigantesque gisement de réjouissances qui se présente à la radio en particulier, et à l’audio digital francophone en général…



On vous dit que l’abondance c’est terminé ? Détrompez-vous ! L’abondance, c’est demain. Enfin, après-demain. En 2070. À l’échelle de l’humanité, c’est que dalle. Toutefois, pas de panique messires, vous avez donc largement le temps de vous retourner et de vous y préparer. L’abondance sera démographique si l’on en croit les prévisions : 747 millions de francophones au compteur en 2070 sur la planète. Il vous faut juste patienter moins d'un demi-siècle.
Que peut-on bien faire avec 747 millions de francophones ? Et bien déjà, on peut continuer à faire de la radio depuis la France. D’ailleurs en France, et aux alentours de 2070, on devrait compter 68.1 millions d’habitants (1). Une population, un chouia, plus nombreuse mais surtout plus âgée. Le vieillissement de la population paraît inéluctable avec 5.7 millions supplémentaires de 75 ans ou plus et 5 millions supplémentaires de moins de 60 ans. On peut donc imaginer que Nostalgie sera la première radio musicale de France ! Sauf cataclysme, vos enfants continueront à écouter la radio, certes ils seront moins nombreux. Une radio avec des résultats d’audience moins élevés qu’aujourd’hui.

112 grands territoires à forts potentiels à explorer

Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas que les Français qui parlent le français sur la planète. Il y a nos cousins québécois. Nos voisins belges et suisses. Et tous les autres. Le français est la 5e langue mondiale par le nombre de ses locuteurs. Le français est parlé dans 112 pays et territoires, ce qui représente aujourd’hui 321 millions de locuteurs (2). Aujourd’hui, la langue française se place derrière l’anglais, le mandarin, l’hindi et l’espagnol.
Selon les projections, le nombre de francophones devrait se situer entre 477 millions et 747 millions en 2070. Ce nombre dépendra certes des évolutions démographiques annoncées (favorables en Afrique mais défavorables en Europe), mais également de la place du français dans les systèmes éducatifs des pays concernés (3). Sans évoquer tout ce qui n’est pas prévisible : une guerre mondiale, une catastrophe nucléaire, un changement climatique irréversible, un virus ou les dix plaies d'Égypte…. Si les prévisions se confirment, et dans le cas des données hautes, les locuteurs de langue française pèseraient près de 8% de la population mondiale contre 3% seulement actuellement. Ajoutons que le français est encore la 4e langue sur l’Internet. À long terme, la croissance démographique prévue pour l’Afrique devrait assurer indirectement une bonne présence de notre langue dans l’Internet (4).

Pensez votre production pour l’international francophone

Si ce nombre de 747 millions est à prendre avec des pincettes, il est plus de 10 fois supérieur au potentiel hexagonal. Cela signifie que pour celles et ceux qui produisent de l’audio, notamment de l'audio numérique en langue française, les prochaines décennies offriront davantage d'opportunités. Il ne faut pas les ignorer. Et, c’est probablement dès aujourd’hui qu’il faut défricher des territoires, loin de Paris, sous d’autres latitudes. Du moins penser la production, par exemple, d’un podcast en français pour l’international francophone. Penser la radio pour l'international francophone. Penser le rédactionnel en langue française pour l’international francophone dans le but d'élargir le champs des possibles. Il y a 30 ans, il fallait envoyer par La Poste une K7 à une station francophone. Aujourd’hui, cette radio peut télécharger votre contenu en quelques secondes. Mieux encore, ses auditeurs n’ont plus besoin de cette intermédiaire pour vous écouter. Alors, possiblement, les pessimistes diront que cela risque de ne pas fonctionner. Mais si vous ne le faites pas, d’autres le feront à votre place.

Mais évitez les anglicismes, c’est beauf…

Comme j’aborde ici la langue française, je ne voudrais pas terminer sans évoquer tous ces mots qui ont fleuri, notamment dans la bouche des gens des médias, ces dernières années. Je plaide coupable, j’en fais partie. Vous voyez donc certainement à quoi je fais allusion : le cash, les hits, le live, le morning, les news, la playlist, le podcasting, le showcase, le streaming, le talk, le voice track… N’oublions pas non plus tous ces autres  anglicismes insupportables (5) : le bashing, le buzz, les fake news, la task force... c’est ce que j’appelle la customisation (encore un anglicisme) de la langue française. Comme ceux qui customisent leur voiture. J’ai connu un gars qui s’appelait Jean-François. Il n’avait pas inventé la machine à cintrer les bananes mais il était très habile de ses mains. Il avait repensé, à sa manière, sa Renault Fuego. Il en avait mis partout : des longues portées, deux grandes antennes, un béquet arrière, des déflecteurs d'air, deux pots d'échappement, des sièges baquets. Tant est si bien, qu’au bout du bout, ça ne ressemblait plus à rien. Il y avait bien deux ou trois filles de la campagne qui auraient accepté, pour aller au Macumba, de monter dans la Renault Fuego de Jean-François mais le mille-feuilles d’ajouts visuels faisait davantage rire que languir. Je ne sais pas ce qu’est devenu Jean-François. Mais ce que je sais, c’est que ceux qui utilisent de l’ASAP, du Must have, du Senior manager ou encore de la Conf call à tout bout de champ, ont tous un peu de Jean-François en eux… Pensez plutôt aux 747 millions d'auditeurs francophones potentiels. Et, si possible, en français dans le texte.

(1) 68.1 millions d’habitants en 2070 - INSEE Première Nov 2021
(2) Nombre de francophones dans le monde - Observatoire de la langue française
(3) La langue française dans le monde - OIF
(4) La langue française dans le monde - OIF
(5) Anglicismes : les équivalents français recommandés - CSA
(6) Pourquoi s’inquiéter du franglais ? France Culture


 

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 31 Août 2022 à 06:05 | Commentaires (0)

Diffusion, audience, intelligence artificielle, publicité, engagement… Comment la radio va-t-elle évoluer au cours des 50 prochaines années ? On n’a déjà pas, ou peu, de visibilité pour cette nouvelle saison qui débute alors comment en avoir pour les prochaines décennies ? Et bien ici, on aime les exercices de prospective. Ils permettent de générer, non pas des prophéties, mais des prévisions sur les évolutions futures. Entre possible et impossible, voici 7 scenarii, forcément cataclysmiques, qui concernent la radio de demain.



La fin de la FM, l’échec du DAB, l’envolée de l’IP
S’acheminerait-on vers une diffusion hybride de la radio ? Avec une FM française saturée et dont la qualité sonore ne semble pas non plus séduire le jeune public (habitué à écouter désormais un son numérique au casque) et un DAB qui poursuit son déploiement dans l’indifférence générale du grand public, incontestablement demain, il y aura plusieurs possibilités pour écouter la radio. Une FM moribonde, un DAB brinquebalant et une diffusion IP qui jouera des coudes. Chaque outil a des avantages et des inconvénients. Les deux premiers sont gratuits et anonymes. C’est l’inverse pour le troisième. Ajoutons que la radio sera aussi mise en concurrence dans l’habitacle. La voiture autonome, c’est pour demain. Au lieu d’être attentif au code de la route, on pourra, certes toujours écouter la radio mais aussi regarder un film, lire un livre, dormir... La radio ne sera ainsi plus le seul média de la mobilité…
 
L’IA remplace l’animateur et le journaliste
Parions que demain, le secteur de la radio et de l’audio digital comptera beaucoup moins de salariés qu’aujourd’hui. La machine pourra même remplacer la quasi-totalité du personnel. Elle offre de nombreux avantages : elle n’est jamais fatiguée, n’est pas syndiquée, ne pose jamais de congés, elle est capable de travailler 24 heures sur 24 en optimisant toutes ses tâches. Gageons que ses avantages seront encore plus nombreux demain. Mais comme la Nature a horreur du vide, il y a fort à parier qu’elle aura autant d’inconvénients. "Le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité (…) Une fois que les hommes auraient développé l’intelligence artificielle, celle-ci décollerait seule, et se redéfinirait de plus en plus (…) Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés" avait déclaré Stephen Hawking. Terrifiant n’est-ce pas ?
 
L’effondrement de l’engagement bénévole dans les A
Au début des années 80, la radio a pu émerger en France, et être ce qu’elle est devenue, grâce au bénévolat. Sans le vouloir vraiment, le bénévolat a permis la naissance, et souvent le succès, de stations qui sont toujours en activité. Rappelons que le bénévolat consiste à mener une activité non rétribuée et librement choisie dans une association sans but lucratif. Force est de constater qu’avec le développement d’Internet (particulièrement des nouveaux services en ligne très chronophages pour l’individu), le bénévole dispose de moins de temps à offrir. On compte toujours plus de 600 radios associatives en France qui fédèrent encore des milliers de bénévoles. Mais depuis le début du Covid-19, l’engagement y semble être beaucoup moins important et les candidats au bénévolat beaucoup moins nombreux. Un sujet d’inquiétude qui pourrait à terme contraindre les radios A à réduire la voilure…
 
L’audience hertzienne poursuit sa baisse
La baisse de l’audience hertzienne de la radio devrait logiquement se poursuivre durant les prochaines saisons. Cette baisse s’explique principalement par l’offre pléthorique (stations, streaming musical, podcasts, VOD…) proposée sur le web, une offre qui entre en concurrence directe avec la radio. Deux interrogations doivent être soulevées : cette baisse va-t-elle s’arrêter ? Et surtout, quel volume d’audience minimum la radio hertzienne peut-elle supporter ? Pour autant, le volume d’audience perdu sur le support hertzien pourrait être proportionnellement regagné sur le support numérique. À condition de s’y faire une place solide et durable. C’est très loin d’être facile vu la féroce concurrence qui règne dans ce monde global qui n’est, pour l’heure, absolument pas régulé. Les radios françaises, comme celles des quatre coins de monde, doivent donc s’attendre à un tassement et à un vieillissement des audiences qui paraissent inéluctables…
 
La publicité bascule vers le tout-numérique
À l’heure où l’individu passe toujours plus de temps sur Internet, c’est autant de temps qu’il ne consacre pas à la radio hertzienne. Gageons que l’audience numérique, ou celle liée à l’audio-numérique, sera de plus en plus importante à l’avenir et devrait poursuivre sa montée en puissance notamment via les Smartphones. Et, si cette audience, strictement numérique, doit encore augmenter, alors les annonceurs devraient y être beaucoup plus sensibles. Ils seront donc plus nombreux à y consacrer un budget. Parmi les territoires qui pourraient générer de plus en plus de chiffre d’affaires : Google, Facebook ou encore Amazon. Les deux premiers permettent déjà d’engager des campagnes de publicité locale. La crainte est loin d’être anecdotique. On peut s’inquiéter car il est vraisemblable qu’un annonceur préfèrera confier son budget à un GAFAM plutôt qu’à un média local…
 
Un piratage massif du réseau de diffusion
Un des constats que l’on peut faire, c’est que l’on a rendu la radio dépendante. Autrement dit, vulnérable. Ces dernières années, plusieurs entreprises du secteur ont d’ailleurs été victimes de piratages massifs suivis de demandes de rançon. Doit-on en faire une nouvelle source d’inquiétude ? Oui. Demain, rien n’empêche d’imaginer qu’une Généraliste ou que les radios d’un même groupe soient confrontées à cette prise d’otage pendant plusieurs minutes, plusieurs heures ou même plusieurs jours… Pour un média, l’indépendance va donc bien au-delà de l’indépendance éditoriale. Ces prochaines années, l’indépendance passera aussi par la diffusion au sens large : stockage des données sensibles, stockage et diffusion des replays, diffusion des flux premium ou complémentaires au programme principal…
 
Les opérateurs priés de payer pour diffuser sur le web
Depuis l’engouement d’internet, plusieurs entreprises se sont approprié les flux des radios. Elles les ont centralisés pour les proposer (gratuitement) aux internautes sans demander quoi que ce soit aux radios. Peut-on imaginer que ces entreprises puissent aller plus loin dans leur démarche en exigeant demain, un ticket d’entrée ou mieux un abonnement mensuel imposé aux radios afin qu’elles puissent continuer à assurer leur présence, leur visibilité et le maintien de leur audience numérique ? Peut-on imaginer que, demain, celles qui paieront le prix fort pourront prioritairement bénéficier d’une meilleure visibilité algorithmique contrairement à celles qui n’en ont pas les moyens et qui seront condamnées à demeurer dans les profondeurs des pages de recherche ? Oui.
 

Si vous souhaitez partager vos prévisions, envoyez-moi un mail à frederic@lalettre.pro .

Rédigé par Brulhatour le Lundi 22 Août 2022 à 06:17 | Commentaires (0)

Parce que, vu ce qui nous est tombé sur le coin du museau en mars 2020 et notamment ses conséquences encore palpables plus de deux ans après, cette rentrée promet vraisemblablement d’être pénible. Même si ce n’est pas dans les habitudes de la maison, on va quand même essayer de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide… Parce que septembre, c’est aussi le mois des bonnes résolutions…


78% des résolutions, prises par exemple le 1er janvier, ne tiendraient pas plus d’une semaine complète. Conclusion : faut être costaud pour engager un processus de transformation... © Paris Radio Show 2022 - Linda Viksna
78% des résolutions, prises par exemple le 1er janvier, ne tiendraient pas plus d’une semaine complète. Conclusion : faut être costaud pour engager un processus de transformation... © Paris Radio Show 2022 - Linda Viksna

Juste deux ou trois mots afin de mettre en perspective ce qui va suivre. Le 1er janvier dernier, j’avais rédigé un thread (inséré ci-dessous avec des renvois vers quelques articles intéressants) concernant ce que l’on appelle les bonnes résolutions. En effet, la coutume veut que l’on prenne de bonnes résolutions, le 1er janvier.
Même pour la rentrée de septembre, chaque animateur ou journaliste peut d’ailleurs se lancer un défi : celui d’être plus exigeant dans sa façon d’animer ou dans sa manière de réaliser un sujet, celui de soigner ses lancements, celui d’être plus exigeant dans l’élaboration d’une programmation musicale, dans la rédaction d’un spot publicitaire…  En ce début de saison, les défis que l’on peut envisager de relever sont nombreux mais l’envie seule ne suffit pas : 78% des résolutions, prises par exemple le 1er janvier, ne tiendraient pas plus d’une semaine complète… Et seulement, environ, 10% des individus parviendraient à tenir une résolution durant un an.
Le constat, comme pour tout projet engagé, c’est qu’il faut être mentalement et physiquement costaud pour franchir la ligne d’arrivée. À vous de voir si vous voulez attendre le 1er janvier prochain. Mais pour adresser un pied de nez à cette coutume, une bonne résolution peut donc aussi être prise en début de saison.
Grâce à quelques observations personnelles réalisées dans le secteur, je vais tenter de dresser une liste, on va dire plus de bonnes conduites que de simples défis, qui eux renvoient vers une thématique plus sportive, même si la radio, c’est souvent du sport.
Ces quelques pistes se présentent ici comme une mise en bouche avant, c’est vous qui le déciderez, une mise en jambes.


Pour ceux qui en ont sous le pied
C’est bien connu, on ne fait bien que ce que l’on aime. Le début de saison est donc un moment idéal pour proposer votre production. Un podcast natif ? Vous aurez beaucoup plus de latitudes dans une radio régionale ou dans une Associative pour proposer et parvenir à convaincre. Et si vous n’en avez toujours pas, tentez l’expérience en solo. Vous avez 10 mois pour transformer votre projet en une belle réalisation. Et ainsi, ajouter une ligne à votre CV.
 
Pour ceux qui ont des projets
Le marché radiophonique régional devrait fortement évoluer durant les prochains mois. Laissez trainer vos oreilles, prenez la température, marquez votre territoire. La saison 23-24 se dessine maintenant. N’attendez pas juin 2023 pour réfléchir ou envisager professionnellement la saison suivante. Pensez également déjà à celle que l’on appelle "la petite rentrée de janvier". Un moment propice pour confirmer ici ou rebondir là-bas. Vous trouverez de nombreuses offres d’emploi, ICI.

Pour ceux qui se lèvent tôt
Si la radio est le media de la mobilité, c’est aussi celui du matin. Se lever tôt et travailler tôt exige une très bonne hygiène de vie. Un matinalier est fatigué du 1er septembre au 30 juin. Mais peu comprennent que se lever tôt empêche aussi toute vie sociale. Pour tenir toute une saison, il faut quotidiennement puiser dans son capital volonté qui n’est pas inépuisable. Prendre la résolution de bien dormir, c’est souvent le début du bonheur.
 
Pour ceux qui n’y croient plus
Tout individu a le droit à ses moments de découragement. Mais peut-être sont-ils probablement plus nombreux depuis mars 2020. Le "Big Quit" ou phénomène de la "Grande Démission" qui concerne les États-Unis traverse l'Atlantique. Ce que je remarque, dans les entreprises du secteur, c'est que les salariés, refroidis par l'inflation, ont davantage pris conscience de l'intérêt de réinventer leur travail. Beaucoup expriment le désir de changer et de travailler autrement. C'est plutôt une bonne chose. Ce qui ne l'est pas, c'est de rêver de claquer la porte mais de ne pas le faire...
 
Pour ceux qui ont du temps
Pour paraphraser Schopenhauer, je dirais qu’il y a deux catégories d’individus en dehors de la radio : la première catégorie ne se préoccupe que de passer le temps, la seconde de l'employer. On ne peut s’enorgueillir de faire de la radio sans être curieux. Lire quelques pages tous les jours, visionner un film ou une série, découvrir une expo, assister à un concert ou prendre le temps d’écouter la radio et pas seulement celle pour laquelle on travaille sont, à mon sens, des réflexes quotidiens à adopter.
 
Pour ceux qui ne sont pas organisés
Il existe mille et une méthodes pour être mieux organisé. La meilleure et la moins chère consiste à mettre en place des habitudes de travail à des horaires précis. Plus on instaure quotidiennement des habitudes, mieux on est organisé. On gagne du temps et on prend souvent du plaisir. Mais il faut de la volonté. J'avais lu un jour que la volonté était comme un muscle. Et plus la journée avance, moins notre capital volonté est important. C'est pourquoi les actions qui exigent de la volonté devraient être réalisées le matin pour plus d'efficacité...

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 17 Août 2022 à 06:14 | Commentaires (0)

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