Un travail de titan. Un travail au long cours. Un marathon. Voilà ce que peut représenter l’écriture d’un podcast documentaire. Je n’évoquerai ici que la seule écriture, c’est-à-dire tout le travail en amont de la production et de la diffusion. Car ici, on enfile davantage le costume de journaliste que celui de podcasteur. Ici, on travaille dans autre temporalité, celle du temps long. Il faut donc de l’intérêt, de la curiosité, de la passion et de l’engagement.
D’abord, c’est avec un peu d'appréhension que je vais tenter de parler de l'écriture d’un podcast documentaire dans cette nouvelle Room sur ClubHouse en présence de Stéphane Berthomet. Très honnêtement, je pense qu’on ne va rien lui apprendre à Stéphane et que c’est même l’inverse qui va se produire.
Plus encore que toutes ces qualités réunies, ce que l’on appelle le "podcast documentaire" (qui est un peu une sorte de fourre-tout dans lequel on trouve les longues séries et tout ce qui demande un travail approfondi et minutieux de recherches) exige avant tout une certaine disposition d’esprit. Comme certains ont "une certaine idée de la France", il faut avoir "cette certaine disposition d’esprit". Il faut être également patient. Ou, plus exactement, être en capacité organisationnelle et financière d’être patient. C’est un peu comme l’écriture d’un livre et la réalisation d’un film. Il faut avoir les moyens de travailler pendant de longues semaines sans être soumis à des impératifs financiers.
Bien connaître le sujet
C’est probablement la condition sine qua non. Prendre en compte la faisabilité du projet. Cette condition n’est pas négociable parce que porter et supporter un sujet que vous ne connaissez pas, que vous ne maîtrisez pas, ou pire, un sujet qui a déjà été traité ou avec lequel vous n’avez aucun lien, aucun atome crochu, ni aucune une onde d’affinité, va considérablement vous compliquer la tâche. Alors, c’est du bon, mais il faut avoir envie. Envie de creuser le sujet, envie de le partager intelligemment et artistiquement, envie de signer un bon travail. Si vous avez une ou plusieurs affinités avec le sujet retenu alors votre travail s’en ressentira. C’est probablement 30% de la réussite.
Faire du terrain
Ce que l’on appelle le "podcast documentaire" exige aussi que vous y consacriez du temps. Souvent beaucoup temps. Et pas seulement derrière un écran. Ce que vous trouverez en restant derrière un écran a déjà été trouvé donc traité. Cela n’est plus inédit. Votre démarche, c’est donc de vous transformer en détective. Un reporter de terrain qui va humer l’air du temps, collecter des témoignages inédits, des informations jamais traitées, interroger des témoins jamais sollicités… Vous ne les trouverez pas derrière votre écran. Le podcast documentaire, c’est d’abord être sur le terrain : en immersion.
Prendre son temps
Ici, vous n’êtes pas dans le copier/coller ni dans le glisser/déposer. Les longs formats demandent un temps d’écriture considérable. Plus, c’est long, plus vous devez scénariser votre podcast. Et il y en a des choses à mettre : des archives, des nouveaux témoignages, des illustrations sonores, des musiques… Apporter des compléments, revoir et affiner parfois son conducteur, prendre de la hauteur, mettre en perspective… Répondre à ces questions : pourquoi cette archive et pas une autre ? Pourquoi un témoignage ici et pas là. La scénarisation, c’est un métier. Un casse-tête.
Aimer perdre du temps
Lisez, cherchez, sortez, consultez, questionnez, fouillez, rencontrez, enquêtez, fouinez… Souvent cela ne débouchera sur rien parce que les fausses pistes et les hors-sujets sont nombreux dans le cadre d’un travail au long cours. Mais, en étant aux aguets en permanence, cela vous permettra de vite bénéficier d’une vue à 360°, de vous imprégner au maximum et de mieux rendre ainsi visible le fil de votre podcast.
Bien s’entourer
Forcément. Assurément. Obligatoirement. Nécessairement. Impérativement. Parce que le collectif crée l’émulation. Un tel vous indiquera une information qui vous aura échappé. Un autre vous permettra d’entrer en contact avec ce que l’on appelle un bon client. Les gens autour de nous apprécient toujours mettre leur pierre à l’édifice. Question de fierté ! Il ne faut pas les empêcher. Parce que votre scénario est aussi susceptible d’évoluer dans la bonne direction.
Il est toujours très enivrant et délicieux de terminer un travail au long cours. D’avoir pu réaliser son projet qui a demandé du temps, du travail, qui parfois a été marqué par des périodes de découragement. Ça compte dans nos vies quotidiennes qui sont malmenées par le "partout-tout-le-temps".
C'est aussi un travail qui restera et qui pourra, peut-être, inspirer des auditeurs et des... podcasteurs.
Plus encore que toutes ces qualités réunies, ce que l’on appelle le "podcast documentaire" (qui est un peu une sorte de fourre-tout dans lequel on trouve les longues séries et tout ce qui demande un travail approfondi et minutieux de recherches) exige avant tout une certaine disposition d’esprit. Comme certains ont "une certaine idée de la France", il faut avoir "cette certaine disposition d’esprit". Il faut être également patient. Ou, plus exactement, être en capacité organisationnelle et financière d’être patient. C’est un peu comme l’écriture d’un livre et la réalisation d’un film. Il faut avoir les moyens de travailler pendant de longues semaines sans être soumis à des impératifs financiers.
Bien connaître le sujet
C’est probablement la condition sine qua non. Prendre en compte la faisabilité du projet. Cette condition n’est pas négociable parce que porter et supporter un sujet que vous ne connaissez pas, que vous ne maîtrisez pas, ou pire, un sujet qui a déjà été traité ou avec lequel vous n’avez aucun lien, aucun atome crochu, ni aucune une onde d’affinité, va considérablement vous compliquer la tâche. Alors, c’est du bon, mais il faut avoir envie. Envie de creuser le sujet, envie de le partager intelligemment et artistiquement, envie de signer un bon travail. Si vous avez une ou plusieurs affinités avec le sujet retenu alors votre travail s’en ressentira. C’est probablement 30% de la réussite.
Faire du terrain
Ce que l’on appelle le "podcast documentaire" exige aussi que vous y consacriez du temps. Souvent beaucoup temps. Et pas seulement derrière un écran. Ce que vous trouverez en restant derrière un écran a déjà été trouvé donc traité. Cela n’est plus inédit. Votre démarche, c’est donc de vous transformer en détective. Un reporter de terrain qui va humer l’air du temps, collecter des témoignages inédits, des informations jamais traitées, interroger des témoins jamais sollicités… Vous ne les trouverez pas derrière votre écran. Le podcast documentaire, c’est d’abord être sur le terrain : en immersion.
Prendre son temps
Ici, vous n’êtes pas dans le copier/coller ni dans le glisser/déposer. Les longs formats demandent un temps d’écriture considérable. Plus, c’est long, plus vous devez scénariser votre podcast. Et il y en a des choses à mettre : des archives, des nouveaux témoignages, des illustrations sonores, des musiques… Apporter des compléments, revoir et affiner parfois son conducteur, prendre de la hauteur, mettre en perspective… Répondre à ces questions : pourquoi cette archive et pas une autre ? Pourquoi un témoignage ici et pas là. La scénarisation, c’est un métier. Un casse-tête.
Aimer perdre du temps
Lisez, cherchez, sortez, consultez, questionnez, fouillez, rencontrez, enquêtez, fouinez… Souvent cela ne débouchera sur rien parce que les fausses pistes et les hors-sujets sont nombreux dans le cadre d’un travail au long cours. Mais, en étant aux aguets en permanence, cela vous permettra de vite bénéficier d’une vue à 360°, de vous imprégner au maximum et de mieux rendre ainsi visible le fil de votre podcast.
Bien s’entourer
Forcément. Assurément. Obligatoirement. Nécessairement. Impérativement. Parce que le collectif crée l’émulation. Un tel vous indiquera une information qui vous aura échappé. Un autre vous permettra d’entrer en contact avec ce que l’on appelle un bon client. Les gens autour de nous apprécient toujours mettre leur pierre à l’édifice. Question de fierté ! Il ne faut pas les empêcher. Parce que votre scénario est aussi susceptible d’évoluer dans la bonne direction.
Il est toujours très enivrant et délicieux de terminer un travail au long cours. D’avoir pu réaliser son projet qui a demandé du temps, du travail, qui parfois a été marqué par des périodes de découragement. Ça compte dans nos vies quotidiennes qui sont malmenées par le "partout-tout-le-temps".
C'est aussi un travail qui restera et qui pourra, peut-être, inspirer des auditeurs et des... podcasteurs.
Rédigé par Brulhatour le Mercredi 23 Novembre 2022 à 13:19
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La radio n’est pas morte ! Elle est encore loin de son dernier souffle. C’est le premier constat, sans appel, qu’il faut marteler pour ceux qui ont quitté le pays de la nuance. Notre média demeure extrêmement puissant avec près de 40 millions d’auditeurs. Cependant, après 100 ans d’une existence plutôt ronronnante, la radio doit faire face à de sérieuses difficultés qui viennent la percuter. Seuls ceux qui se cachent derrière leur petit doigt ne veulent pas l’admettre. L’histoire devrait pourtant leur donner tort…
Le temps
La radio n’est plus la seule dans ce que j’appelle "le temps réel". Avant, elle occupait sans partage cet espace temporel dans lequel elle était très réactive parce que la radio ne nécessite pas de gros moyens pour relayer instantanément une information. Ce qui n’est pas le cas de la télévision (il fallait attendre le soir) ou de la presse écrite (il fallait attendre le lendemain matin). Cette position omnipotente est terminée depuis l’arrivée de l’Internet qui, à sa manière, permet une réactivité égale si ce n’est supérieure à la radio dans la mise en ligne d’une information. N’oublions pas que, le temps c’est de l’argent et la vitesse, c’est le pouvoir.
La visibilité
On ne voit pas, ou plus, la radio. Pas suffisamment en tous cas. Plus encore, on n’en entend pas parler. Si la télévision parlait autant de la radio que la radio parle de la télévision, il y a fort à parier que l’audience cumulée gagnerait 4 ou 5 points. Idem pour la presse écrite qui ne fait pas d’effort pour promouvoir la radio alors que, chaque matin, les radios proposent leur traditionnelle revue de presse. Il n’y a pas de renvoi d’ascenseur et ce n’est pas normal. Ajoutons que, dès les années 60, la radio allait régulièrement au contact de ses auditeurs. Souvent quotidiennement. Aujourd’hui, elle reste cloîtrée et claquemurée dans des studios hermétiques coupés du monde extérieur, de ce qu’elle est pourtant sensée évoquer, parler, relayer, expliquer, disséquer, analyser… Pour être entendu, il faut être vu.
La musique
Nous sommes entrés dans une ère où l’auditeur devient un enfant gâté. Une sorte de tête à claques qu’il est très difficile de rassasier parce que les nouvelles technologies lui permettent de consommer tout ce qu’il veut, à profusion, quand il veut, jusqu’à plus soif, et où qu’il se trouve. Quand j’étais petit, je me souviens qu’il fallait attendre une, deux ou trois heures pour pouvoir entendre le tube du moment. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En un, deux ou trois clics, l’auditeur peut écouter le tube d’hier, celui d’aujourd’hui, celui de demain, le nombre de fois qu’il veut. C’est un changement considérable dans la façon de consommer de la musique et donc d’écouter la radio.
La publicité
Entre la publicité et la radio, c’est désormais "Je t’aime moi non plus". Oui, la publicité est le carburant du développement de la radio. Même le service public est forcé de se laisser séduire par l’ouverture d’écrans. Mais la publicité est probablement désormais le programme le plus difficile à mettre en onde. Plus encore, il est surement le programme le plus rédhibitoire pour l’auditeur. Placée avant, pendant ou après, la publicité freine forcément son ardeur à écouter. Nul besoin d’études pour le démontrer. Ce long passage obligé et non négociable pour l’auditeur, lui permet d’obtenir ainsi une contrepartie. Dans le monde numérique, cette notion de contrepartie tend à s’atténuer voire à être complètement dissoute.
Les éditorialistes
La radio est réputée être un média crédible. Le plus crédible de tous les médias. Avec la mise à l’antenne d’éditorialistes et de spécialistes aux partis pris tranchés, elle rompt cette confiance qu’elle entretenait jusqu’à présent avec l’auditeur. Car l’auditeur vient chercher ici une information vérifiée, objective, impartiale et surtout, neutre. Même si les éditorialistes et les autres intervenants extérieurs n’occupent que peu de place à l’antenne, leurs visions contaminent l’ensemble de la grille. Ils lui donnent une couleur, un style et un engagement. Si la très grande majorité des journalistes fait consciencieusement et méticuleusement son travail, les éditorialistes et les experts créent un point de vue clivant en voulant à tout prix fabriquer de l’opinion. Quelle que soit cette opinion.
L’analogique
Ce n’est pas une problématique à balayer d’un revers de main. Le son analogique, c’est déjà le son du siècle dernier. Celui qui a fait les belles heures des grandes ondes et de la modulation de fréquence. Un son avec son lot de parasites et de grésillements en tout genre encore supporté par les plus de 50 ans. La jeune génération a été habituée à écouter un son numérique et, principalement, avec un casque. Les niveaux de confortabilité entre l’analogique et le numérique sont, très, différents. Pour la jeune génération, il sera plus difficile de revenir à une qualité analogique, celle de la radio, et d’oublier la qualité numérique avec laquelle elle a grandi. D’où l’importance du DAB+ qui grâce sa qualité numérique pourrait limiter la casse.
Les récepteurs
En milieu urbain, j’émets un gros doute sur le taux d’équipement des jeunes foyers en traditionnels récepteurs : les transistors. Ils considèrent que la nouvelle porte d’entrée du son chez eux passe désormais par le Smartphone et par la commande vocale. La radio doit donc jouer des coudes pour être fortement présente, extrêmement visible et facilement accessible en dehors du territoire hertzien. Elle y rencontre de nouveaux et nombreux concurrents. La taille des parts du gâteau n’en est que plus réduite. C’est en quelque sorte, la fin de l’abondance et de l’audience facile.
Le podcast
En particulier, le podcast natif. Le temps passé à écouter un podcast, c’est autant de minutes qui ne sont pas consacrées à la radio. Cette nouvelle offre est une nouvelle concurrente de la radio car comme la radio, le podcast s’adapte à la mobilité. Ajoutons que, le podcast a su, pour l’instant, intelligemment préserver les ingrédients qui ont fait les grandes heures de la radio : la liberté de ton et la liberté de format. Ce sont deux composants qui sont intimement liés au succès de l’épopée des radios libres. La radio a donc tout intérêt à proposer davantage de podcasts natifs en parallèle de son offre en replay. Cette dernière est aussi une des rares opportunités de la décennie. Certes, on écoute la radio différemment mais on l’écoute encore.
La sociologie
La société change. Dans la bonne ou dans la mauvaise direction, ce n’est pas la question. Mais elle change vite, beaucoup plus vite qu’à la fin du XXe siècle, période d’abondance, d’insouciance, de légèreté, de frivolité, de facilité et… d’optimisme. Les nouveaux comportements fortement contaminateurs apparus au grand jour, dès le premier confinement, viennent déstabiliser des habitudes et des réflexes d’écoute qui étaient profondément ancrés chez les individus depuis des décennies. Le télétravail et la diminution des trajets domicile/travail notamment, la fatigue informationnelle, l’infobésité, l’information souvent anxiogène, parfois infantilisante et culpabilisante, la nouvelle mode du "partout-tout-le-temps"… provoquent un exil des auditeurs vers d’autres contrées plus vertes en quête de mieux être.
L’éparpillement
L’auditeur s’éparpille. Il butine comme le fait un papillon au hasard des fleurs qu’il rencontre sur son chemin. Un peu ici, un peu là-bas. Il a devant lui des territoires inexplorés composés de milliers de flux et de milliers de supports dont le but est de lui voler du temps. Le sait-il ? Non ! Parce qu’il est très loin des sujets qui nous préoccupent mais sensible à son confort personnel. Alors, comme le ferait un papillon, il se laisse porter par le vent des innovations. Sans le savoir, il prendra toujours le chemin le plus court et le moins épuisant qui lui sera proposé par ceux qui innovent. Ainsi, la radio doit probablement innover pour éviter que l’auditeur ne s’éparpille trop...
La radio n’est plus la seule dans ce que j’appelle "le temps réel". Avant, elle occupait sans partage cet espace temporel dans lequel elle était très réactive parce que la radio ne nécessite pas de gros moyens pour relayer instantanément une information. Ce qui n’est pas le cas de la télévision (il fallait attendre le soir) ou de la presse écrite (il fallait attendre le lendemain matin). Cette position omnipotente est terminée depuis l’arrivée de l’Internet qui, à sa manière, permet une réactivité égale si ce n’est supérieure à la radio dans la mise en ligne d’une information. N’oublions pas que, le temps c’est de l’argent et la vitesse, c’est le pouvoir.
La visibilité
On ne voit pas, ou plus, la radio. Pas suffisamment en tous cas. Plus encore, on n’en entend pas parler. Si la télévision parlait autant de la radio que la radio parle de la télévision, il y a fort à parier que l’audience cumulée gagnerait 4 ou 5 points. Idem pour la presse écrite qui ne fait pas d’effort pour promouvoir la radio alors que, chaque matin, les radios proposent leur traditionnelle revue de presse. Il n’y a pas de renvoi d’ascenseur et ce n’est pas normal. Ajoutons que, dès les années 60, la radio allait régulièrement au contact de ses auditeurs. Souvent quotidiennement. Aujourd’hui, elle reste cloîtrée et claquemurée dans des studios hermétiques coupés du monde extérieur, de ce qu’elle est pourtant sensée évoquer, parler, relayer, expliquer, disséquer, analyser… Pour être entendu, il faut être vu.
La musique
Nous sommes entrés dans une ère où l’auditeur devient un enfant gâté. Une sorte de tête à claques qu’il est très difficile de rassasier parce que les nouvelles technologies lui permettent de consommer tout ce qu’il veut, à profusion, quand il veut, jusqu’à plus soif, et où qu’il se trouve. Quand j’étais petit, je me souviens qu’il fallait attendre une, deux ou trois heures pour pouvoir entendre le tube du moment. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En un, deux ou trois clics, l’auditeur peut écouter le tube d’hier, celui d’aujourd’hui, celui de demain, le nombre de fois qu’il veut. C’est un changement considérable dans la façon de consommer de la musique et donc d’écouter la radio.
La publicité
Entre la publicité et la radio, c’est désormais "Je t’aime moi non plus". Oui, la publicité est le carburant du développement de la radio. Même le service public est forcé de se laisser séduire par l’ouverture d’écrans. Mais la publicité est probablement désormais le programme le plus difficile à mettre en onde. Plus encore, il est surement le programme le plus rédhibitoire pour l’auditeur. Placée avant, pendant ou après, la publicité freine forcément son ardeur à écouter. Nul besoin d’études pour le démontrer. Ce long passage obligé et non négociable pour l’auditeur, lui permet d’obtenir ainsi une contrepartie. Dans le monde numérique, cette notion de contrepartie tend à s’atténuer voire à être complètement dissoute.
Les éditorialistes
La radio est réputée être un média crédible. Le plus crédible de tous les médias. Avec la mise à l’antenne d’éditorialistes et de spécialistes aux partis pris tranchés, elle rompt cette confiance qu’elle entretenait jusqu’à présent avec l’auditeur. Car l’auditeur vient chercher ici une information vérifiée, objective, impartiale et surtout, neutre. Même si les éditorialistes et les autres intervenants extérieurs n’occupent que peu de place à l’antenne, leurs visions contaminent l’ensemble de la grille. Ils lui donnent une couleur, un style et un engagement. Si la très grande majorité des journalistes fait consciencieusement et méticuleusement son travail, les éditorialistes et les experts créent un point de vue clivant en voulant à tout prix fabriquer de l’opinion. Quelle que soit cette opinion.
L’analogique
Ce n’est pas une problématique à balayer d’un revers de main. Le son analogique, c’est déjà le son du siècle dernier. Celui qui a fait les belles heures des grandes ondes et de la modulation de fréquence. Un son avec son lot de parasites et de grésillements en tout genre encore supporté par les plus de 50 ans. La jeune génération a été habituée à écouter un son numérique et, principalement, avec un casque. Les niveaux de confortabilité entre l’analogique et le numérique sont, très, différents. Pour la jeune génération, il sera plus difficile de revenir à une qualité analogique, celle de la radio, et d’oublier la qualité numérique avec laquelle elle a grandi. D’où l’importance du DAB+ qui grâce sa qualité numérique pourrait limiter la casse.
Les récepteurs
En milieu urbain, j’émets un gros doute sur le taux d’équipement des jeunes foyers en traditionnels récepteurs : les transistors. Ils considèrent que la nouvelle porte d’entrée du son chez eux passe désormais par le Smartphone et par la commande vocale. La radio doit donc jouer des coudes pour être fortement présente, extrêmement visible et facilement accessible en dehors du territoire hertzien. Elle y rencontre de nouveaux et nombreux concurrents. La taille des parts du gâteau n’en est que plus réduite. C’est en quelque sorte, la fin de l’abondance et de l’audience facile.
Le podcast
En particulier, le podcast natif. Le temps passé à écouter un podcast, c’est autant de minutes qui ne sont pas consacrées à la radio. Cette nouvelle offre est une nouvelle concurrente de la radio car comme la radio, le podcast s’adapte à la mobilité. Ajoutons que, le podcast a su, pour l’instant, intelligemment préserver les ingrédients qui ont fait les grandes heures de la radio : la liberté de ton et la liberté de format. Ce sont deux composants qui sont intimement liés au succès de l’épopée des radios libres. La radio a donc tout intérêt à proposer davantage de podcasts natifs en parallèle de son offre en replay. Cette dernière est aussi une des rares opportunités de la décennie. Certes, on écoute la radio différemment mais on l’écoute encore.
La sociologie
La société change. Dans la bonne ou dans la mauvaise direction, ce n’est pas la question. Mais elle change vite, beaucoup plus vite qu’à la fin du XXe siècle, période d’abondance, d’insouciance, de légèreté, de frivolité, de facilité et… d’optimisme. Les nouveaux comportements fortement contaminateurs apparus au grand jour, dès le premier confinement, viennent déstabiliser des habitudes et des réflexes d’écoute qui étaient profondément ancrés chez les individus depuis des décennies. Le télétravail et la diminution des trajets domicile/travail notamment, la fatigue informationnelle, l’infobésité, l’information souvent anxiogène, parfois infantilisante et culpabilisante, la nouvelle mode du "partout-tout-le-temps"… provoquent un exil des auditeurs vers d’autres contrées plus vertes en quête de mieux être.
L’éparpillement
L’auditeur s’éparpille. Il butine comme le fait un papillon au hasard des fleurs qu’il rencontre sur son chemin. Un peu ici, un peu là-bas. Il a devant lui des territoires inexplorés composés de milliers de flux et de milliers de supports dont le but est de lui voler du temps. Le sait-il ? Non ! Parce qu’il est très loin des sujets qui nous préoccupent mais sensible à son confort personnel. Alors, comme le ferait un papillon, il se laisse porter par le vent des innovations. Sans le savoir, il prendra toujours le chemin le plus court et le moins épuisant qui lui sera proposé par ceux qui innovent. Ainsi, la radio doit probablement innover pour éviter que l’auditeur ne s’éparpille trop...
Laissons-nous emporter. Laissons arriver ce qui doit arriver. La galère, c’est le quotidien de toutes les professions parce que travailler, c’est toujours un peu galérer. L’un de ne va sans l’autre. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne rencontrent pas la galère. Partant de ce postulat, vous avez deux choix. Celui de rien faire ou celui de faire mais avec le risque de galérer. Ici, on a choisi le second en minimisant les risques de galère.
Je vous propose une liste des 5 principales galères qui freinent habituellement les ardeurs des podcasteurs. Il faut comprendre ici que la galère se définie comme un problème à gérer. Alors, dans cette Room, nous n’aborderons pas les galères que l’on ne peut pas prévoir (et qui sont notre fardeau quotidien) mais uniquement celles qui sont récurrentes. Ce sont celles que l’on peut prévoir donc anticiper car "Un homme averti en vaut deux".
La galère technique
C’est probablement la première galère auxquels sont confrontés les podcasteurs qui, pour la majorité d’entre eux, n’ont pas de compétences techniques ni même de connaissances techniques. Le volet refroidi beaucoup de prétendants au podcast. Pour autant, il est nécessaire de remettre l’église au centre village. Jusqu’à la fin des années 2010, il fallait s’équiper de grosses machines : des consoles, des lecteurs, des compresseurs, des unités de stockage… Les temps ont radicalement changé ces dernières années avec, de plus en plus souvent, des outils tout-en-un. Des outils de plus en plus accessibles en termes de coûts et en termes d’utilisation. Si votre sujet est bon, l’aspect technique est secondaire même si la notion de confortabilité reste une notion prise en compte par l’auditeur.
La galère liée à l’audience
Lorsque l’on produit du son, c’est d’abord pour être écouté. Je n’ai jamais rencontré de podcasteurs qui ne souhaitent pas être écoutés. L’audience, c’est la principale récompense du podcasteur. Et, c’est malheureusement régulièrement un frein à la poursuite de cette activité. L’activité devient grisante dès la mise en ligne. Elle est d’autant plus grisante lorsqu’elle devient populaire. C’est le moteur d’un travail au long cours. Seulement, quand l’audience n’est pas au rendez-vous, il est logique de s’interroger, d’adapter son podcast dans sa durée, son format et, parfois, se remettre en cause. Cette remise en cause sonne souvent la fin de l’aventure. Pour preuve, les nombreuses séries de podcasts qui ne dépasse les 3 ou 4 épisodes. Quand c’est le cas, c’est que la mayonnaise n’a pas pris.
La galère liée à la monétisation
Monétiser, c’est un métier. Comme l’aspect lié à la problématique technique, celui lié à cette monétisation peut vite se transformer en galère. D’abord parce que cet aspect dépend de l’audience qui, elle-même, dépend de la qualité du podcast donc de la qualité de sa production. Si vous galérez sur les deux premiers, vous galèrerez sur cette étape de la monétisation. Pour le reste, vous comprendrez rapidement qu’il faut générer beaucoup d’écoutes pour percevoir une rémunération. Vous comprendrez aussi que séduire et convaincre un partenaire financier, qui vous accompagnera dans votre démarche, est un parcours du combattant.
La galère liée au temps
Comme le mal de dos était le mal du siècle dernier, ce que l’on pourrait appeler "le mal de temps" est le nouveau mal de notre siècle. Chacun d’entre nous dispose d’un volume de temps identique mais la façon de l’utiliser diffère d’un individu à l’autre. La galère liée au temps qui passe s’inscrit comme la prochaine galère. Ceux qui auront du temps pourront produire. Ceux qui n’en auront pas (ou pas suffisamment) abandonneront l’idée de se lancer dans cette aventure du podcast. Parce que oui, et il intéressant de le rappeler, produire deux minutes de vidéo ou deux minutes de son n'exige pas seulement deux minutes de travail. C’est un rapport que peu de gens comprennent.
La galère juridique
Celle-ci, elle frappe généralement quand on ne s’y attend pas. Elle est donc brutale. Pas forcément encore très répandue parce que le marché se met en place, doucement. Mais lorsque celui-ci aura trouvé ses marques et sa vitesse de croisière, il faudra la prendre en compte et la voir venir avec beaucoup d'attention. Cadrer les contrats avec votre plateforme, probablement signer un contrat de confiance avec ce qui apparaissent dans votre podcast, obtenir des autorisations d’utilisation d’éléments sonores, clarifier ce qui est libre de droit et ce qui ne l’est pas, tenir une comptabilité... Là encore, cette galère juridique, qui sera encore plus prégnante demain, freinera d’autant plus les ardeurs des podcasteurs.
Je terminerai ce billet par un proverbe tibétain qui vous encourage à prendre du recul sur les galères : "Si un problème a une solution, alors il est inutile de s'en inquiéter ; s'il n'en a pas, s'inquiéter n'y changera rien". Donc, zen…
C’est probablement la première galère auxquels sont confrontés les podcasteurs qui, pour la majorité d’entre eux, n’ont pas de compétences techniques ni même de connaissances techniques. Le volet refroidi beaucoup de prétendants au podcast. Pour autant, il est nécessaire de remettre l’église au centre village. Jusqu’à la fin des années 2010, il fallait s’équiper de grosses machines : des consoles, des lecteurs, des compresseurs, des unités de stockage… Les temps ont radicalement changé ces dernières années avec, de plus en plus souvent, des outils tout-en-un. Des outils de plus en plus accessibles en termes de coûts et en termes d’utilisation. Si votre sujet est bon, l’aspect technique est secondaire même si la notion de confortabilité reste une notion prise en compte par l’auditeur.
La galère liée à l’audience
Lorsque l’on produit du son, c’est d’abord pour être écouté. Je n’ai jamais rencontré de podcasteurs qui ne souhaitent pas être écoutés. L’audience, c’est la principale récompense du podcasteur. Et, c’est malheureusement régulièrement un frein à la poursuite de cette activité. L’activité devient grisante dès la mise en ligne. Elle est d’autant plus grisante lorsqu’elle devient populaire. C’est le moteur d’un travail au long cours. Seulement, quand l’audience n’est pas au rendez-vous, il est logique de s’interroger, d’adapter son podcast dans sa durée, son format et, parfois, se remettre en cause. Cette remise en cause sonne souvent la fin de l’aventure. Pour preuve, les nombreuses séries de podcasts qui ne dépasse les 3 ou 4 épisodes. Quand c’est le cas, c’est que la mayonnaise n’a pas pris.
La galère liée à la monétisation
Monétiser, c’est un métier. Comme l’aspect lié à la problématique technique, celui lié à cette monétisation peut vite se transformer en galère. D’abord parce que cet aspect dépend de l’audience qui, elle-même, dépend de la qualité du podcast donc de la qualité de sa production. Si vous galérez sur les deux premiers, vous galèrerez sur cette étape de la monétisation. Pour le reste, vous comprendrez rapidement qu’il faut générer beaucoup d’écoutes pour percevoir une rémunération. Vous comprendrez aussi que séduire et convaincre un partenaire financier, qui vous accompagnera dans votre démarche, est un parcours du combattant.
La galère liée au temps
Comme le mal de dos était le mal du siècle dernier, ce que l’on pourrait appeler "le mal de temps" est le nouveau mal de notre siècle. Chacun d’entre nous dispose d’un volume de temps identique mais la façon de l’utiliser diffère d’un individu à l’autre. La galère liée au temps qui passe s’inscrit comme la prochaine galère. Ceux qui auront du temps pourront produire. Ceux qui n’en auront pas (ou pas suffisamment) abandonneront l’idée de se lancer dans cette aventure du podcast. Parce que oui, et il intéressant de le rappeler, produire deux minutes de vidéo ou deux minutes de son n'exige pas seulement deux minutes de travail. C’est un rapport que peu de gens comprennent.
La galère juridique
Celle-ci, elle frappe généralement quand on ne s’y attend pas. Elle est donc brutale. Pas forcément encore très répandue parce que le marché se met en place, doucement. Mais lorsque celui-ci aura trouvé ses marques et sa vitesse de croisière, il faudra la prendre en compte et la voir venir avec beaucoup d'attention. Cadrer les contrats avec votre plateforme, probablement signer un contrat de confiance avec ce qui apparaissent dans votre podcast, obtenir des autorisations d’utilisation d’éléments sonores, clarifier ce qui est libre de droit et ce qui ne l’est pas, tenir une comptabilité... Là encore, cette galère juridique, qui sera encore plus prégnante demain, freinera d’autant plus les ardeurs des podcasteurs.
Je terminerai ce billet par un proverbe tibétain qui vous encourage à prendre du recul sur les galères : "Si un problème a une solution, alors il est inutile de s'en inquiéter ; s'il n'en a pas, s'inquiéter n'y changera rien". Donc, zen…
Le premier bulletin de notes de la saison tombera le 17 novembre. Comme à chaque début de saison, il y a de fortes probabilités pour que le classement des radios les plus écoutées sur cette vague de rentrée soit identique à celui de juin prochain. Dans le Landernau de la radio, on scrutera davantage les audiences de Virgin Radio qui deviendra, dès le 1er janvier 2023, Europe 2. Il faudra plusieurs mois, et probablement plusieurs saisons, pour que cette nouvelle mouture retrouve son lustre d’antan. On est tous d’accord pour dire que ce pari de repositionnement est autant osé et grisant qu’il est périlleux et risqué.
Alors que les radios américaines ont (déjà) reprogrammé l’insupportable titre "All I Want for Christmas is You" de Mariah Carey (cette année, c’est la station 93.9 Lite FM à Chicago qui a été la première à passer, depuis le 1er novembre, en mode Noël), en France, on se dirige vers le Black Friday et les fêtes de fin d’année. Si les programmes vont assurément prendre quelques couleurs scintillantes, les écrans publicitaires vont, comme à l’accoutumée, déborder de spots… C’est une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne pour la santé financière de la radio, mais mauvaise pour le confort d’écoute des auditeurs qui doivent tenter de se frayer un chemin au milieu de programmes parsemés de (trop) longs tunnels. Plus que d’habitude, pour vendre le programme, les animateurs devront redoubler d’efforts pour engager l’auditeur.
Pour terminer, il faut que je partage avec vous une bonne nouvelle : la naissance de Podcast Magazine. Cela ne surprendra personne, ce magazine, fort de 196 pages, est porté par les Éditions HF. Il prend la place d’un autre magazine bien connu : Le POD. Ce nouveau support veut défricher un territoire encore inexploré mais très prometteur. Celui du podcast qui pourrait bien s’affirmer comme… le nouvel Eldorado de la radio.
Alors que les radios américaines ont (déjà) reprogrammé l’insupportable titre "All I Want for Christmas is You" de Mariah Carey (cette année, c’est la station 93.9 Lite FM à Chicago qui a été la première à passer, depuis le 1er novembre, en mode Noël), en France, on se dirige vers le Black Friday et les fêtes de fin d’année. Si les programmes vont assurément prendre quelques couleurs scintillantes, les écrans publicitaires vont, comme à l’accoutumée, déborder de spots… C’est une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne pour la santé financière de la radio, mais mauvaise pour le confort d’écoute des auditeurs qui doivent tenter de se frayer un chemin au milieu de programmes parsemés de (trop) longs tunnels. Plus que d’habitude, pour vendre le programme, les animateurs devront redoubler d’efforts pour engager l’auditeur.
Pour terminer, il faut que je partage avec vous une bonne nouvelle : la naissance de Podcast Magazine. Cela ne surprendra personne, ce magazine, fort de 196 pages, est porté par les Éditions HF. Il prend la place d’un autre magazine bien connu : Le POD. Ce nouveau support veut défricher un territoire encore inexploré mais très prometteur. Celui du podcast qui pourrait bien s’affirmer comme… le nouvel Eldorado de la radio.
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