Brulhatour

2022 aura été, une nouvelle fois et globalement, une bonne année pour le podcast français avec des audiences toujours en hausse. Ce qui caractérise ce marché, ce sont des progressions mensuelles mises en avant par l’ACPM et par Médiamétrie. Des hausses qui sont, plus moins lentes, mais surtout régulières et progressives. C’est un signe de bonne santé. Même si, le chemin est encore long et sinueux pour que le marché se structure et se stabilise.


2022 : année du podcast

Du côté de l’ACPM, on peut d’ores et déjà s’attendre à un bilan positif des douze derniers mois écoulés avec, selon mes calculs et des chiffres encore non définitifs près de 300 millions de téléchargements et d’écoutes, uniquement sur les podcasts natifs certifiés par l’ACPM. Cela veut dire que n'est pas ici comptabilisée la très grande majorité des podcasts qui auront été produits cette année en France. En novembre dernier, l’eStat Podcast de Médiamétrie indiquait que plus de 190 millions de podcasts avaient été téléchargés et écoutés pour le seul mois de novembre. Un résultat, pour schématiser, à multiplier par 11 mois. Ici, grosso modo et à gros traits, on dépassera le milliard rien qu’en 2022. Chez Médiamétrie, on comptabilise surtout le replay. Et donc lui qui tire les chiffres vers le haut.
 
Cela veut dire quoi ? Cela dire que sans la radio, le podcast n’existe pas. Ou pas tout à fait encore aux yeux du grand public. C’est un des enseignements de cette année. Et probablement, cela devrait être aussi et toujours demeuré un des enseignements pour 2023. On peut aisément imaginer qu’en 2023, le replay radio continuera encore à porter l’ensemble du marché. Je me permets de le répéter, même si ça pique un peu mais aux yeux du grand public, le podcast ressemble toujours à un endroit assez nébuleux et à un espace encore non défriché. Il suffit de demander autour de vous qui a écouté, qui écoute ou qui écoutera des podcasts pour s’apercevoir que le podcast est très loin d’être un sujet de curiosité. C’est comme ça. Il faut prendre son mal en patience. Et, il faudra probablement le prendre encore longtemps.
 
Il ne faut pas trop s’inspirer de ce qu’il se passe ailleurs. Et notamment de ce qu’il se passe aux Etats-Unis avec ces quelque 330 millions d’auditeurs potentiels. Le marché est beaucoup plus structuré et le potentiel et sans commune mesure avec le nôtre. Et, si on ajoute les autres marchés anglophones, on dépasse allègrement le milliard. Et puis, en Europe, et en particulier en France, les comportements d'écoute sont aussi bien différents. Donc, il ne faut pas s’emballer même si, on peut demeurer attentif aux évolutions internationales qui donnent souvent le pouls du marché.
 
2023 devrait être une année durant laquelle les studios prendront des décisions. Gageons que certaines seront radicales. Parce que si le podcast natif peut difficilement vivre aujourd’hui, c’est aussi et surtout parce que les studios signent des podcasts de marques (financés par partenaires). Ce sont ces podcasts de marques qui permettent aux studios de produire des podcasts natifs et pas l’inverse. J’y vois là une preuve supplémentaire que le marché n’est absolument pas consolidé. À l’heure actuelle, peu de studios vivent grâce à leurs podcasts natifs. 2022 aura confirmé une règle mathématique implacable : vous devez générer beaucoup d’audience pour peu de chiffres d’affaires.
En 2023, espérons aussi que des personnalités du monde du sport, de la culture, de la politique ou encore des personnalités du monde du spectacle se lancent dans le podcast. Car grâce à leur célébrité, à leur renommée et à leur notoriété que le podcast bénéficiera d'une mise en lumière et se démocratisera que plus rapidement...
 
Y a-t-il néanmoins, dans ce nouveau monde du podcast, des provinces plus vertes ? Oui, celle de la proximité qui, selon moi, devrait en 2023 connaître quelques montées en charge. Mais, outre le fait de savoir quel secteur sera ou non plus porteur que les autres, il faut aussi comprendre que dans les 10 prochaines années, les usages vont encore profondément évoluer. Dans 10 ans, il est plus que possible que ces usages soient encore plus multiples et plus personnalisés. Voilà deux nouvelles difficultés auxquelles il faudra faire face : mieux appréhender le comportement de l’auditeur.

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 21 Décembre 2022 à 13:27 | Commentaires (0)

Joyeux Noël et bonnes fêtes !

Joyeux Noël et bonnes fêtes !
 
Si l’année 2022 se termine, la saison 2022-2023 est encore loin d’avoir dit son dernier mot. Elle a mal débuté. La radio a encore perdu beaucoup d’auditeurs et repasse sous la barre des 40 millions. Ce n’est pas très grave : la radio demeure un média puissant. Pour autant, c’est la deuxième fois, en peu de temps, que la radio française passe sous la barre des 40 millions. Cela devrait tous nous alerter, comme cette petite douleur qui nous enquiquine un peu plus tous les jours et qui finit par nous torturer. La radio française prend naturellement ce chemin car elle vieillit. Mise sous pression par un monde numérique vorace et par des auditeurs déboussolés face à des milliers d'offres, elle devra, plus que jamais, trouver la force, d’abord, de résister et, ensuite, de se refaire une santé.
 
En 2023, nous reprendrons notre bâton de pèlerin avec l’organisation d’une nouvelle édition du RadioTour. Cinq dates sont d’ores et déjà inscrites au calendrier : Lyon (le 6 avril 2023), Nantes (le 4 mai 2023), Lille (le 1er juin 2023), Toulouse (le 5 octobre 2023) et Marseille (le 9 novembre 2023). Organisé par l'équipe de La Lettre Pro de la Radio, ce nouveau RadioTour permettra de rassembler les acteurs de la radio et de l'audio digital d'une même région durant une journée complète.
En revanche, les conséquences de la crise sanitaire, qui frappent durement et durablement le secteur de l’évènementiel, ajoutées à une inflation galopante ne nous permettront pas de vous proposer un Paris Radio Show digne de ce nom en 2023. Une édition est envisagée du 25 au 27 janvier 2024. D’ici là, l’année 2023 débutera tambour battant par une nouvelle RadioWeek (100% online) du 30 janvier au 3 février 2023 et se poursuivra avec les Broadcast Days Maroc en juin 2023.

Joyeux Noël en famille et bonnes fêtes à tous !
Pour télécharger, ce 148e numéro de La Lettre Pro de la Radio, c'est par ICI.

Rédigé par Brulhatour le Jeudi 15 Décembre 2022 à 11:35 | Commentaires (0)

Dans cette énième Room sur ClubHouse, on m’a demandé de vous parler de l’énergie à travers ce billet hebdomadaire. L’énergie nécessaire pour produire un podcast. J’ai demandé pourquoi. Et on m’a répondu : "parce qu’aujourd’hui, on reçoit Pénélope Bœuf et que Pénélope Bœuf est très énergique". Démerde-toi avec ça !


Du cœur à l’ouvrage

En y réfléchissant un peu, c’est vrai, si vous avez deux de tension et si vous souhaitez vous engager dans n’importe quel projet ou, dans ce cas, vous lancer dans le podcast, ça risque d’être un peu compliqué, si vous manquez d’énergie. Pour bien comprendre ma démonstration, il faut d’abord prendre la mesure de la vitesse dans lequel évolue l’univers du podcast. Dans le monde numérique, tout va un peu plus vite que dans le monde classique. Une fois que vous avez compris cette mécanique, vous saurez où vous allez mettre les pieds et si vous êtes apte à suivre la cadence.
 
C’est quoi être énergique ? C’est avant tout un état d’esprit. Pêle-mêle, vous êtes énergique parce que vous êtes observateur, vous êtes curieux dans le bon sens du terme. Parce que vous anticipez ce qui va arriver, vous savez dégager du temps et le moduler. Parce que vous êtes discipliné. Et, plus curieusement, parce que vous êtes en bonne santé : "Les neuf dixièmes de notre bonheur reposent sur la santé. Avec elle, tout devient source de plaisir" disait Schopenhauer qui ajoutait : "Point de santé, si l'on ne se donne tous les jours suffisamment de mouvement". L’énergie, ce serait donc le mouvement. Vraisemblablement, le mouvement qui vous permet d’aller de l’avant.  
La santé dans le travail c’est celle qui détermine vos résultats. Sans douleur, on produit plus et mieux. Ça fonctionne dans tous les domaines et donc, dans celui du monde très énergique du podcast.
 
Peut-on être un podcasteur énergique toute une saison ? Oui. Peut-on être un podcasteur énergique durant toute une vie ? Non. Le travail de haute-intensité, imposé par un monde numérique, n’est pas tenable sur le long terme.
Cependant à court ou à moyen terme, il l’est. Pourquoi ? Parce que l’audience et une bonne monétisation sont au rendez-vous et qu’elles catalysent le podcasteur. Ce sont même les principales raisons qui lui permettent de tenir. Finalement, l’énergie, c’est aussi un cercle. Un cercle vertueux ou vicieux. Entre les deux, la ligne de crête n’est pas large. Et comme dans toute activité, il faut trouver un équilibre. Plus vite vous trouverez votre équilibre et plus vous inscrirez dans la durée. CQFD.
 
S’il y a bien un élément à respecter lorsque l’on se lance dans le podcast, c’est la régularité, autrement dit, le rythme (dynamique ou pas) de mise en ligne de la production. C’est vous qui choisissez. C’est un peu comme le journal télévisé : tous les jours à 13h ou à 20h. C’est un peu comme votre quotidien : accessible tous les matins à la même heure dans votre Maison de la presse. C’est aussi un peu comme à la radio : comme Lucien Jeunesse qui a présenté pendant 30 ans, tous les jours, Le Jeu des 1 000 francs et qui terminait son émission par la phrase devenue célèbre : " À demain, si vous le voulez bien".
Cet animateur, qui était né en 1918, avait d’ailleurs tout compris : à la fin, c’est toujours l’auditeur qui décide !

Vous voulez de l'enthousiasme ? C'est par que ça se passe...

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 14 Décembre 2022 à 13:05 | Commentaires (0)

J’ai la très vague impression que vouloir enregistrer un podcast en mobilité c’est d’abord vouloir se compliquer la tâche… Quel est l’intérêt d’ailleurs d’enregistrer et donc de podcaster en mobilité ? À vrai dire, en principe, il y a peu d’intérêt parce que la mobilité fait souvent perdre ses repères et bouleverse ses habitudes. Néanmoins, il y a quelques exceptions…


Enregistrer un podcast mobilité

Je voudrais vous parler d’une série qui a été entièrement enregistrée en mobilité. Pas la vraie-fausse mobilité. La vraie mobilité : celle qui vous impose de trouver des solutions, sous la pluie ou sous le soleil et loin du confort d’un bureau chauffé ou d’un studio éclairé. Celle qui vous impose de trouver absolument, et tous les jours, de l’énergie pour alimenter votre enregistreur, pour faire tourner votre logiciel de montage, accéder à une connexion pour envoyer vos sons sur une plateforme. Ça, c’est de la vraie mobilité. Qui fait ça ? Personne ou presque. Mais, il y a un exemple qui m’a marqué ces derniers mois, celui d’Hervé Pauchon.
Pauchon s'est rendu célèbre grâce à sa chronique intitulée Un temps de Pauchon sur France Inter, entre 2007 et 2019.
 
Le journaliste avait déjà une certaine expérience de la mobilité parce qu’il a passé ces 12 ans sur France Inter à sortir des studios pour interroger celles et ceux qu’il croisait au hasard de ces rencontres. Pauchon, c’est donc pas un perdreau de l’année.
Alors, il a recommencé du 21 mars 2022 au 25 mai 2022 et a donné naissance à un podcast qui a connu un très grand succès. Podcast intitulé De Saint-Jacques à Compostelle. Pauchon a marché 1 840 km pendant 66 jours. Il a réalisé plus de 20 heures de podcast en mobilité qui ont comptabilisé plus de 600 000 écoutes et qui a attiré, ce podcast, 25 000 auditeurs quotidiennement.
 
Un vrai succès donc, entièrement et exclusivement réalisé en mobilité. Si vous voulez vous inspirer d’une stratégie qui a fonctionné, c’est vers celle-ci qu’il faut aller.
Le 21 septembre dernier, Pauchon a dépassé le million d'écoutes. Pour fêter ça, il propose une nouvelle balade tous les mercredi matin durant laquelle il demande aux gens qu’il croise : "Qu'est-ce qui vous rend heureux aujourd'hui ?". Pauchon prévoit de repartir en vadrouille avec son enregistreur pour une grande aventure au printemps 2023.
 
Je vous pose un billet sur la table que Pauchon n’a pas tout misé sur l’aspect technique de son podcast. Pourtant, il a sorti près de 70 épisodes jusqu’à Compostelle. Je peux même vous dire que l’aspect technique était très secondaire dans sa démarche. Ses seules problématiques quotidiennes à résoudre, étaient de rencontrer des gens intéressants, de trouver des angles originaux, des choses intéressantes à raconter et, probablement de trouver de l’énergie pour enregistrer, monter et diffuser. Tout le reste, c’est de la littérature. Parce que vous ne pourrez jamais retrouver en extérieur les mêmes conditions que celles qui vous guident instinctivement dans votre bureau ou dans votre studio.
 
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l’auditeur se fout comme de l’An Quarante de la façon dont vous enregistrez votre podcast. Ses seules exigences se comptent sur les doigts d’une main : 1/ un confort d’écoute (un son de qualité), 2/ un sujet intéressant (pas ennuyeux à écouter) et 3/ une promesse (celle que demain ce sera encore mieux qu’aujourd’hui).
Le podcast de Pauchon a réuni (en mobilité) ses trois conditions. Alors que nombreux sont les podcasts enregistrés en studio chauffé qui ne parviennent même pas à aligner ces 3 priorités.
 
Dans son sac, Pauchon avait un enregistreur, un PC portable et un smartphone. Mais, ce ne sont pas ces trois outils qui ont permis de péter le score. Ces outils ont été seulement des facilitateurs. Dans un environnement extérieur, Pauchon a su préserver ce qui fait l’ADN d’une production à succès : un confort d’écoute, un sujet intéressant et une promesse tenue jusqu'au dernier épisode. Ces trois choses mises les unes dans les autres ont généré plus d’un million d’écoutes.
 

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 7 Décembre 2022 à 13:24 | Commentaires (0)