Brulhatour

Je parle de la radio numérique sur France Culture



Lundi 7 Juin 2021

Sur France Culture, J'ai répondu aux questions de Benoît Grossin dans le journal de 08h, ce samedi 5 juin. Il s'agissait d'évoquer le développement de la radio numérique en Europe (DAB+, RadioPlayer et radio hybride). La radio numérique sera un marqueur de la prochaine décennie radiophonique.



L'interview est accessible ICI (à partir de 13'00).

Mon complément :
En Europe, durant la dernière décennie, la radio n’a jamais connu autant d’évolutions sur le plan technologique. L’arrivée du haut-débit, bientôt de la fibre et de la 5G a considérablement bouleversé la façon de travailler mais aussi la façon de diffuser. Deux stratégies de diffusions numériques se développent actuellement en Europe, à un rythme soutenu.

D’abord, le DAB+. Cette technologie prend forme dans de nombreux pays en Europe. Le DAB+ c’est (un peu) comme la FM que les auditeurs connaissent mais avec une qualité sonore numérique. Pour schématiser, ce que la télévision a connu il y a quelques années en passant d’une diffusion analogique à une diffusion numérique (la TNT), la radio européenne prend aujourd’hui le même chemin. Certains pays sont très en avance, d’autres moins.
En Allemagne, en juillet, 46.9% des ventes de récepteurs radios étaient compatibles DAB+, un record. Le taux de croissance le plus fort est celui de l'Italie (+171%), suivi de la République tchèque (+78%). En Belgique, l’écoute en DAB+ a progressé tant est si bien qu’on réfléchit déjà à l’arrêt de la FM. En Suisse (ou les trois quarts des programmes de radio sont écoutés en mode numérique), la SSR arrêtera ses émetteurs FM en août 2022, les radios privées en janvier 2023 au plus tard. Pour accompagner cette mutation, l’OFCOM mène une campagne d’information pour préparer le public.
En France et en 2020, 13% des auditeurs sont équipés en poste fixe DAB+, mode de diffusion dont le déploiement métropolitain s’est accéléré depuis 2018 et qui couvre aujourd’hui près de 30% de la population métropolitaine.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a fixé au 15 juillet 2021 la date d’entrée en vigueur des autorisations d’émettre en DAB+ de 25 radios sur le territoire métropolitain. En Europe, le DAB+ on ne pourra plus y échapper. La technologie est présente dans tous les nouveaux véhicules mis sur le marché depuis ce 20 décembre 2020 comme l’indique le Code Européen des Communication Électroniques.

Ensuite, Radioplayer. En France, l'application RadioPlayer a été lancée le 8 avril dernier. La France est le 14e pays en Europe à se doter de cet outil qui a vu le jour en Grande-Bretagne. L’objectif est de rassembler sur une application le maximum de radios. En France, par exemple, c’est une société dénommée Cosmos (dont les radios sont actionnaires) qui développe  Radioplayer France, application qui regroupe déjà plus de 200 radios, qui représentent 80% de l’audience globale. En Europe, cette application permet une écoute immersive en intégrant des données associées et des métadonnées avec, par exemple, le nom des émissions, ou des artistes et des titres, la grille des programmes à 7 jours avec détails et le replay des émissions. Pourquoi cette initiative ? Déjà parce que techniquement (c’est ce que l’on appelle la radio sur IP) c’est possible et puis aussi parce que l’écoute devient de plus en plus numérique. En France, selon Médiamétrie, la part des supports numériques dans l’écoute de la radio progresse sensiblement. Elle s’élève désormais à 17.4% du volume total d’écoute contre 15.0%, l’an dernier.
Et puis aussi, il faut rappeler que la présence de la radio dans la voiture est essentielle pour l'avenir du media. La radio, en France, comme en Europe, c’est le média de la mobilité par excellence. Il faut donc que la radio y garde sa place. C’est un défi de la prochaine décennie. C’est pourquoi RadioPlayer a signé plusieurs accords avec les constructeurs automobiles européens comme BMW ou WV. Eu Europe, RadioPlayer est désormais implantée en Allemagne, Irlande, Autriche, Norvège, Belgique et donc depuis le 8 avril dernier en France.

En Europe, la radio dite "hybride" semble aussi se dessiner. C’est un mélange des trois : FM (le flux hertzien analogique), DAB+ (le flux hertzien numérique) et IP (le flux par Internet). Les autoradios seront assez intelligents pour choisir le flux le flux le plus adéquat (sur le plan sonore). Je prendrai l’exemple d’un automobiliste allemand qui partirait de Munich en écoutant la radio publique et qui pourra arriver par exemple à Strasbourg en continuant à l’écouter via l’IP. Pareil pour un automobiliste français qui passerait la frontière espagnole : il pourra continuer écoutant France Culture jusqu’à Madrid s’il le souhaite ce qui était impossible il y a encore quelques années…

Enfin, il faut souligner la création du groupe des régulateurs européens des services de médias audiovisuels. Il a été créé par une décision de la Commission européenne du 3 février 2014. Il rassemble les autorités de régulation de 28 pays, dont le CSA pour la France. Il a un rôle consultatif mais c’est bien la preuve que les médias et notamment les ondes des radios ne s’arrêtent plus aux seules frontières des pays où elles sont implantées.

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