
Emmanuel Rials, administrateur au SIRTI, en charge de la relance des cycles de formation aux métiers de la radio.
Emmanuel Rials en est convaincu : l’image de la radio est ternie et c’est l’une des principales causes des difficultés de recrutement. "Une partie de la presse ne cesse de répéter que l’audience est en baisse et que la radio va mal, alors que ce n’est absolument pas vrai", assure l’administrateur du SIRTI en charge de la relance des cycles de formation aux métiers de la radio. "La radio se porte plutôt bien et se maintient face à l’ensemble des autres médias. Mais le métier, qui avait une forte attractivité auprès des jeunes, est devenu tout d’un coup beaucoup moins attractif et on se met facilement à leur place : ce n’est pas très attrayant de travailler dans un domaine dont la majorité de la presse dit que rien ne va plus." La radio doit donc redorer son attractivité, montrer qu’elle est en forme, qu’elle reste le média le plus consommé, que son information reste la plus crédible…
Des formations plus ciblées radio
La radio doit ensuite disposer de formations adaptées à ses spécificités. "Pendant des années, l’industrie s’est moins occupée de la filière de formation aux métiers de la radio, explique Emmanuel Rials. Petit à petit, les formations se sont trouvées de moins en moins adaptées aux exigences de notre métier qui, pourtant, évoluait." Le premier exemple est le métier de programmateur qui n’était, jusqu’ici, pas vraiment intégré dans l’offre des centres de formation, "alors même que c’est un poste crucial, d’autant plus pour des radios musicales. On ne peut pas s’improviser programmateur et celui qui maîtrise ce savoir-faire saura bien programmer pour la radio, pour la télévision, pour des flux en ligne… C’est un métier qui est essentiel et qui a beaucoup d’avenir. Ceux qui savaient le faire, petit à petit, disparaissent à l’âge de la retraite et nous n’avons donc, soudainement, plus personne pour s’en occuper." Autre exemple, le métier de technicien, qui a considérablement évolué.
"On a connu des techniciens qui passaient leurs journées avec un fer à souder. Aujourd’hui, ils passent leurs journées devant un ordinateur et leurs compétences doivent être plus numériques qu’analogiques. Pour les animateurs ou les journalistes, c’est pareil. Être bon journaliste et être bon journaliste radio sont deux sujets différents. La formation d’un animateur pour devenir programmateur me paraît très adaptée. Ce sont des métiers où il faut une vraie formation."
"On a connu des techniciens qui passaient leurs journées avec un fer à souder. Aujourd’hui, ils passent leurs journées devant un ordinateur et leurs compétences doivent être plus numériques qu’analogiques. Pour les animateurs ou les journalistes, c’est pareil. Être bon journaliste et être bon journaliste radio sont deux sujets différents. La formation d’un animateur pour devenir programmateur me paraît très adaptée. Ce sont des métiers où il faut une vraie formation."
Reconquérir les jeunes
Pour Emmanuel Rials, la rémunération n’est pas un sujet. "Ce n’est pas quelque chose que je vois remonter des différentes stations qui proposent des rémunérations adaptées à leurs voilures économiques. Il y a aussi beaucoup de jeunes qui, en sortant de formation, ne veulent travailler qu’à Paris. D’ailleurs, on fait probablement l’erreur de vouloir ne voir que les écoles à Paris, alors que des écoles très compétitives sont implantées partout. La France, ce n’est pas Paris et la pénurie touche toutes les radios dans toutes les régions. On oublie souvent de rappeler aux jeunes que les animateurs qui les font rêver ont tous débuté en province et ont tous fait des années glorieuses en province. Donc, il faut démarrer, il faut bouger et ne pas se dire qu’il n’y a que Paris, ce n’est pas vrai. Je ne sais pas si c’est mieux de travailler à Paris en passant quatre heures par jour dans les transports en commun ou de passer son permis, se trouver une petite voiture et aller dans une région sympa où l’on peut trouver une très jolie vie ! En plus, dans les régions, la plupart des structures sont très évolutives : les gens rentrent à un poste mais ne font pas toute leur carrière à ce poste-là. Certains terminent parfois patron de leur propre radio, c’est quand même exceptionnel !"
Le label SIRTI
Si l’idée d’une SIRTI Academy a pu être envisagée, Emmanuel Rials parle plutôt aujourd’hui d’un label SIRTI qui viendrait cautionner des formations adaptées aux besoins de l’industrie. "Ce que l’on veut, ce sont des personnels qualifiés, bien formés, en reprenant à la base chaque poste, chaque formation adaptée à nos besoins. D’autres l’ont fait, dans les écoles de commerce, par exemple. Lorsque les élèves sortent de l’école, ils sont prêts à être embauchés tout de suite. On sait qu’ils seront absolument formés pour tous les aspects dont nous avons besoin. Faire miroiter aux jeunes que l’avenir, c’est la télé, c’est un défaut. La radio est un média en soi et c’est largement suffisant pour le promouvoir. En revanche, on a besoin de gens qui connaissent très bien Internet et les réseaux sociaux parce que c’est un élément qui marche main dans la main avec la radio."
"Tout le monde a envie d’avoir des gens bien formés. Trop longtemps on ne s’en est pas occupé et ce n’est pas une bonne chose." Emmanuel Rials