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La grande vague molle

Rédigé par le Mardi 16 Avril 2013 à 11:46 | modifié le Mardi 16 Avril 2013 à 18:51



Après nous avoir habitués à employer mille superlatifs sur les vagues précédentes, la 126.000 de Médiamétrie révèle pour le début de l’année des audiences radio… molles. Même les leaders semblent se « tirer une bourre » moins vigoureuse qu’à l’ordinaire. Le trio de tête pour l’hiver est composé de RTL, NRJ et d’une France Inter bien pâlichonne. En vedette sur la vague, France Bleu, qui explose un record d’audience, et Fun… qui creuse un plancher.


La grande vague molle
Ils sont rares à avoir le sourire, ce matin, dans les radios de France. Et pour cause : l’audience de la radio repasse sous la barre des 43 millions d’auditeurs pour la première fois depuis 2011. Ce n’est pas complètement la bérézina, mais c’est mou du genou. Avec un demi-million d’auditeurs en moins sur une vague, certaines familles font grise mine.
 
C’est notamment le cas des radios généralistes, des radios d’information, qui payent vraisemblablement le prix de la crise, d’une actualité grisâtre et morose, couplée à une vague où les « jours de moindre activité » (les journées de vacances, où l’on écoute moins la radio) sont plus importants qu’à l’ordinaire. Europe 1 repasse largement sous la barre des 9 points, perdant 0.5 sur l’année avec 8.5 d’AC. France Info baigne dans le même jus, perdant 1.1 points sur un an et 0.7 sur une vague, repassant ainsi à 7.9 d’AC, sous les huit points. France Inter n’est pas épargnée par le mouvement, puisqu’elle se maintient de justesse aux 10 points d’audience, perdant 1 point sur l’année. L’élégante généraliste du service public paye en supplément le prix d’une semaine complète de grève sur la période.
 
Les musicales s’ennuient ?
Chez les musicales, rien de folichon non plus. La famille se porte certes un peu mieux qu’à la dernière vague. Mais on ne peut pas vraiment dire que les français ont privilégié la radio de l’évasion sur la radio de la triste réalité gluante : à part NRJ, qui surclasse largement ses concurrentes, et  Skyrock, qui voit sa courbe d’audience passer très solidement dans le vert, les autres grandes marques semblent s’ennuyer. Virgin, très observée et très commentée depuis l’arrive de Roberto, parvient tout juste à infléchir sa courbe dans la bonne direction par rapport à la précédente vague, mais sans retrouver son audience de l’an dernier. Et Fun se prend carrément les pieds dans le tapis en perdant un demi-point par rapport à la dernière vague, et 0.7 par rapport à l’an dernier. L’horreur.
 
Dans la famille des programmes locaux, la puissante offre des Indés Radios se stabilise en ne perdant « que » 0.2 points d’audience sur 1 an (mais 0.5 points par rapport à la vague précédente). Décevant,  alors même que les nombreuses intempéries de cet hiver (décidément pourri) auraient dû au contraire muscler son audience. Alors que dans un contexte de crise, on aurait volontiers imaginé que la proximité aurait pu être une puissante valeur refuge.
 
Le sourire, valeur refuge ?
Mais alors où sont les bonnes nouvelles dans cette vague gluante ? Il y a d’abord la durée d’écoute du média, qui s’allonge encore à 2h59. Et la fidélité des français puisque la radio rassemble encore chaque matin à 8h 14.3 millions d’auditeurs. Le média demeure puissant, et si l’on passe de peu sous la barre des 43 millions d’auditeurs/jour, on est encore loin des audiences tristouilles des pires années (41 millions en 2004, 41.6 millions en 2009).
 
Les bonnes nouvelles, ce sont aussi les scores des deux éternelles rivales du podium de tête. NRJ, dans ce contexte, parvient à rafler plus de 400.000 auditeurs supplémentaires en 1 an. RTL en gagne près de 150.000 sur la même période.
 
Mais celle qui épate, dans cette morne vague, c’est France Bleu, qui franchit symboliquement la barre des 8 points d’audience nationale, avec +0.8 en un an et +0.4 par rapport à la vague précédente. France Bleu a très certainement capitalisé sur l’info-service, sur la proximité, et sur sa tonalité plutôt souriante dans un contexte grisâtre. On aurait écouté France Bleu pour se rasséréner, un peu comme… on irait manger de la bonne cuisine de terroir chez une tante de province. Comme on irait... chez mémé.
 
Le sourire, une valeur refuge ? C’est aussi ce que semblent nous dire les scores des humoristes des grandes généralistes. Chez Europe 1, Canteloup semble être un des rares motifs de satisfaction. Dans la maison d’en face, Laurent Gerra enregistre le « pic time de la radio », avec près de deux millions d’auditeurs à lui tout seul pour son rendez-vous sur RTL.
 
Jean-Charles Verhaeghe, MYConseils.fr pour LLPR


Jean-Charles Verhaeghe
Spécialiste des notions de proximité, Jean-Charles est journaliste, consultant et formateur chez... En savoir plus sur cet auteur