162 kHz : donnons notre avis !

Rédigé le Mercredi 4 Janvier 2017 à 00:34 | Lu 1168 fois


Suite à la restitution de la fréquence Grandes Ondes de France Inter, le CSA lance un appel à intérêt pour l'éventuelle reprise de la fréquence. Les délais de la consultation sont étonnamment courts pour cet actif stratégique, alors exprimons-nous !


Soixante-neuf ans que l'émetteur d'Allouis émet sur toute la France, et bien au delà de nos frontières... Les grandes ondes ont beau être dépassées, tant en terme de coût de diffusion que de qualité sonore, il est étonnant que cet arrêt se fasse dans une relative indifférence, même au sommet de l'Etat.

Certes, les caisses de l'Etat sont vides, mais il est assez incongru que le premier émetteur grandes ondes à cesser ses émissions, parmi les quatre que compte la France, soit celui de la seule station publique ! En effet, pendant longtemps, et notamment en temps de guerre, les émetteurs à longue portée étaient des actifs stratégiques pour les Etats, notamment pour communiquer aux populations face à la menace ennemie. L'internet, lui, est contrôlé par des sociétés privées qui pourraient être saisies par un assaillant potentiel, ou pourraient ne plus maintenir leurs compliqués réseaux de serveurs dans un pays en plein chaos.

Hors état de guerre, les grandes ondes permettaient aussi de faire rayonner la culture de la France en dehors de nos frontières, et toucher nos amis étrangers les plus curieux. D'ailleurs, RTL émettait en plusieurs langues à ses débuts. Je me souviens aussi, lors de mon installation en Grande Bretagne il y a 7 ans, être tombé par pur hasard sur RTL alors que je m'étais simplement trompé de bande de fréquence en branchant un vieux transistor. Quel bonheur d'entendre en terre étrangère la langue de Molière sortir de mon poste !

Un actif à ne pas céder
A l'occasion de la fin des émissions de France Inter, le CSA lance donc un appel à intérêt pour la fréquence vacante - et ainsi voir si un appel à candidatures serait nécessaire. Et ô surprise, le gendarme de l'audiovisuel laisse à la population moins de 4 semaines pour s'exprimer, vacances de Noël incluses ! Un peu court pour une fréquence qui émit pendant 69 ans ! Un délai par ailleurs assez curieux si on considère les horizons de temps habituels du CSA pour exécuter les appels à candidatures en FM lorsque des fréquences se libèrent. Ils se comptent en général en mois, semestres, voire années !!!

Les grandes ondes en tant que telles sont technologiquement dépassées. Pourtant, la technologie fonctionne toujours, et c'est la plus ancienne de la radio. D'autre part, trois autres radios, privées, émettent toujours sur ses ondes, et leur audience dépend aussi de l'occupation des grandes ondes par un nombre de programmes suffisants. Ensuite, comme nous l'avons vu, le 162 KHz appartient à la France, situé géographiquement au coeur de l'Europe occientale, c'est un actif stratégique. Enfin, la technologie DRM, bien que discrète, laisse une perspective de développement technologique sur cette bande de fréquence, mais si elle reste peu probable.

On peut très bien imaginer qu'une radio comme Oüi FM, qui désespère de trouver de nouvelles fréquences en FM et se lance actuellement sur le DAB, pourrait du jour au lendemain, si elle le souhaitait et en avait les moyens, arroser du jour au lendemain la France entière depuis l'émetteur d'Allouis. Ne serait-ce que jusqu'à ce que la RNT soit déployée sur tout le territoire. Osé, certes, mais rock and roll, non ?

Exprimez-vous !

Pour toutes ces raisons, il est essentiel que tout le monde s'exprime. Pour ou contre, peu importe. L'enjeu de cette fréquence, trop vite enterrée, mérite une juste et large consultation de tous les professionnels de la radios, mais aussi de ses passionnés.
La date limite de dépôt des avis est le 16 janvier 2016... dans moins de deux semaines. Alors rendez-vous sur le site du CSA, et à vos stylos ! Une ou deux questions à répondre tout au plus, et tout le monde peut participer.

Lien vers la consultation ici

Olivier Oddou est le co-fondateur et directeur du site SchooP.fr qui retrace 35 ans d'histoire de la… En savoir plus sur cet auteur