PLF 2025 : plus de 250 radios s'organisent dans l'urgence pour sauver le FSER

Rédigé par le Mercredi 16 Octobre 2024 à 05:55 | modifié le Mercredi 16 Octobre 2024 à [HEURE]


Ce mardi soir, plus de 250 radios associatives ont participé à une réunion proposée par les syndicats de radios locales afin de définir une stratégie contre le Projet de Loi de Finances 2025 qui prévoit une nette baisse du FSER. Cela se traduirait par 800 suppressions de postes et par la disparition sur la bande FM de 70 à 80% de radios associatives. En première ligne, Jean-Marc Courrèges-Cénac, coprésident de la Confédération Nationale des Radios Associatives.


LLPR – Ce mardi soir, les responsables du secteur radiophonique se sont réunis pour évoquer la baisse du FSER. Quel bilan en faites-vous est quelle est la position de la CNRA ?
JMCC -
Nous pouvons être satisfaits de la forte mobilisation avec plus de 250 radios qui ont participé à cette réunion, réunion qui a, de surcroît, été organisée dans l'urgence face à l'annonce du PLF 2025. Les radios sont choquées, en colère face à une réelle injustice et après des années où elles ont fait des efforts considérables face à des hausses multiples de leurs charges, notamment ces dernières années. Mais la colère est mobilisatrice, les radios nous ont proposé de participer à diverses actions, dont certaines ont déjà été lancées. Elles nous soutiennent également et sans réserve pour inverser la position du Gouvernement sur le budget du FSER. La position de la CNRA dans ce combat ne diverge bien évidemment pas de la position du SNRL. Nous sommes plus que jamais unis. C'est pourquoi nous menons cette lutte via l'association “Les Locales” qui regroupe nos deux organisations.

LLPR – Espérez-vous rapidement plaider votre cause auprès du ministère de la Culture ?
JMCC -
Une réunion est d'ores et déjà programmée ce vendredi avec le Cabinet de Madame la Ministre de la Culture, Rachida Dati. Nous avons des arguments. Ils sont nombreux et factuels. Nous sommes, par ailleurs, convaincus que nos interlocuteurs sont conscients du rôle des radios associatives sur les territoires dans les différentes missions qu'elles mènent au quotidien. Notamment dans les actions d'Education aux Médias et à l'Information, dans les animations et innovations culturelles, dans la lutte contre les discriminations, dans le développement local et en faveur de l'expression citoyenne des territoires. La situation actuelle est d'autant plus paradoxale que le Ministère de la Culture avait reconnu le rôle important, primordial, des radios associatives dans le cadre du plan "Culture et Ruralités".

LLPR – Si le Gouvernement ne revoit pas sa copie, quand est-ce que les trésoreries des Associatives seront-elles impactées ?
JMCC -
Depuis désormais plusieurs années, les acteurs de l'Economie Sociale et Solidaire doivent faire face à de nombreuses coupes budgétaires, à de nombreuses économies qui se sont imposées à ces structures. C'est le cas de nos radios qui, pourtant, ont été très vertueuses. Je rappelle que, depuis 2002, l'aide individuelle à l'exploitation n'a pas progressé. Pire, elle a même baissé sur les plus hautes tranches du barème. Et pourtant, sur la même période, les charges ont explosé. Si dans un premier temps, nous avons pu compenser ces pertes par l'implication des collectivités locales et territoriales, nous sommes malheureusement arrivés au bout du chemin. Les leviers de financement ne sont pas multiples. Décider, sans concertations, sans signes annonciateurs, d'une baisse du tiers de notre principal financement, ne peut qu'avoir des conséquences cataclysmiques sur nos économies déjà fragiles. L'impact sera très rapide, observable dès le milieu d'année prochaine.

LLPR – Quelles peuvent être les conséquences dans le quotidien des radios ? Combien pourraient-être durement fragilisées ?
JMCC -
La moindre baisse du FSER se traduira indubitablement par des suppressions de postes. Nous sommes, actuellement, le second employeur de ce secteur. Nous estimons, a minima, à 800 le nombre de suppressions d'emplois. C'est dramatique ! Sans compter le nombre de fermetures qui sera également conséquent. 30% de baisse, ce n'est pas 30% de radios associatives en moins, c'est entre 70 et 80% de radios associatives en moins ! Il faut que le Gouvernement soit conscient de cela et de l'impact de ces suppressions de postes et de ces fermetures sur certains territoires déjà fragiles.

LPPR – Espérez-vous mobiliser au-delà des Associatives ?
JMCC -
La mobilisation de nos radios est déjà importante, mais elle va monter crescendo pour être massive. Une mobilisation nécessaire pour faire entendre nos droits. Bien évidemment, cette mobilisation doit dépasser le secteur de la radio, en impliquant acteurs et élus locaux qui connaissent véritablement le travail réalisé sur leurs territoires par les radios de communication sociale de proximité et qui peuvent aisément appréhender l'impact plus que négatif de la fragilisation ou de la disparition des radios associatives. Je tiens à saluer, ici, les communiqués de Presse de plusieurs Syndicats de Salariés qui nous ont, d'ores et déjà, assuré de leur soutien. Je suis également convaincu que ce sujet doit aussi préoccuper nos confrères des radios commerciales puisque ce coup de guillotine budgétaire sur le FSER, s'il venait à être voté et donc assumé par la représentation nationale, bouleversera l'ensemble du paysage radiophonique qui a mis des décennies pour trouver un équilibre qui reste toujours délicat pour tous les acteurs, dans un marché économique de plus en plus restreint et où des concurrences nouvelles et dérégulées pourraient rapidement s'imposer en profitant de cette situation.

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
Dans la même rubrique :