Eva Jarnot est la directrice adjointe de SUN en Loire-Atlantique et membre du Conseil national du SNRL
LLPR - Les organisations syndicales (SNRL et CNRA) ont rencontré la ministre de la Culture. Malgré tout, avez-vous encore des raisons d’être inquiet concernant la baisse probable de la dotation du FSER ?
EJ - Absolument, même après cette rencontre, nos inquiétudes demeurent. Bien que la ministre de la Culture ait exprimé son attachement à nos radios associatives de proximité, les engagements concrets concernant l’avenir du FSER et les contours du maintien de sa dotation restent flous. Dans le contexte budgétaire actuel, le risque d'une réduction de ce fonds, essentiel et historique pour notre secteur, reste bien réel.
EJ - Absolument, même après cette rencontre, nos inquiétudes demeurent. Bien que la ministre de la Culture ait exprimé son attachement à nos radios associatives de proximité, les engagements concrets concernant l’avenir du FSER et les contours du maintien de sa dotation restent flous. Dans le contexte budgétaire actuel, le risque d'une réduction de ce fonds, essentiel et historique pour notre secteur, reste bien réel.
LLPR - Si le PLF confirme cette baisse du FSER, comment cela se traduira-t-il pour SUN ?
EJ - Grâce au soutien du FSER, nous avons pu depuis près de 30 ans, nous implanter durablement sur la région nantaise et, plus récemment, étendre notre présence en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Vendée avec nos antennes de Cholet, Saint-Nazaire, la Roche-sur-Yon et Angers. Ces territoires, bien que limitrophes, se distinguent par la diversité de leurs publics et de leurs offres médiatiques, culturelles et éducatives. En plus de nos ondes, l’investissement de SUN sur ces différentes zones se traduit par la présence de 4 studios dont un en cours d’ouverture, de 6 salariés et de 90 bénévoles qui s’activent au quotidien sur les trois départements pour se faire le relai de ce qui s’y passe.
Avec une part de 39% de notre budget annuel hors investissements reposant sur le FSER, une baisse de ce fonds aurait des conséquences immédiates et majeures sur nos différentes activités. De l’éducation aux médias et à l’information, à la valorisation de la scène locale passée et actuelle, en passant par l’adaptation de notre média à l’évolution des usages et du numérique, nos capacités d’innovation, d’accompagnement et de développement seraient considérablement affaiblies, à l’heure où la radio demeure pourtant le média le plus écouté chaque jour en France avec 38 millions d’audieurs, dont 20 000 à l’écoute de SUN.
Nous sommes par ailleurs d’autant plus inquiets que les projections du PLF 2025 laissent également entrevoir de potentielles baisses de subventions à venir du côté des collectivités locales. Les subventions des collectivités, toujours hors investissements, constituent à ce jour 25% de notre budget annuel. Reste à savoir si ces baisses de dotations étatiques chiffrées en milliards pour nos institutions municipales, départementales et régionales seront votées et répercutées sur les fonds locaux dédiés aux radios associatives.
EJ - Grâce au soutien du FSER, nous avons pu depuis près de 30 ans, nous implanter durablement sur la région nantaise et, plus récemment, étendre notre présence en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Vendée avec nos antennes de Cholet, Saint-Nazaire, la Roche-sur-Yon et Angers. Ces territoires, bien que limitrophes, se distinguent par la diversité de leurs publics et de leurs offres médiatiques, culturelles et éducatives. En plus de nos ondes, l’investissement de SUN sur ces différentes zones se traduit par la présence de 4 studios dont un en cours d’ouverture, de 6 salariés et de 90 bénévoles qui s’activent au quotidien sur les trois départements pour se faire le relai de ce qui s’y passe.
Avec une part de 39% de notre budget annuel hors investissements reposant sur le FSER, une baisse de ce fonds aurait des conséquences immédiates et majeures sur nos différentes activités. De l’éducation aux médias et à l’information, à la valorisation de la scène locale passée et actuelle, en passant par l’adaptation de notre média à l’évolution des usages et du numérique, nos capacités d’innovation, d’accompagnement et de développement seraient considérablement affaiblies, à l’heure où la radio demeure pourtant le média le plus écouté chaque jour en France avec 38 millions d’audieurs, dont 20 000 à l’écoute de SUN.
Nous sommes par ailleurs d’autant plus inquiets que les projections du PLF 2025 laissent également entrevoir de potentielles baisses de subventions à venir du côté des collectivités locales. Les subventions des collectivités, toujours hors investissements, constituent à ce jour 25% de notre budget annuel. Reste à savoir si ces baisses de dotations étatiques chiffrées en milliards pour nos institutions municipales, départementales et régionales seront votées et répercutées sur les fonds locaux dédiés aux radios associatives.
LLPR - Ce PLF 2025 marque-t-il un tournant dans l’accompagnement financier des radios de catégorie A par l’Etat ?
EJ - Si des centaines de radios de catégorie A venaient à disparaître, ce PLF ne marquerait pas seulement un tournant, il risquerait de porter un coup fatal à l’ensemble du paysage radiophonique français. La radio, souvent invisibilisée par les pouvoirs publics, a toujours été un lien social fondamental, notamment dans les territoires ruraux où elle joue un rôle crucial d’information de proximité, de création culturelle et de cohésion. Lorsque l’État diminue son soutien originel, il expose ces médias à une fragilisation économique pouvant mener à leur disparition et ouvrant ainsi la voie à une concentration accrue du paysage médiatique. Cette concentration autour de grands groupes privés, souvent en lien avec des acteurs économiques puissants, menace directement la diversité de l'information et la pluralité des opinions, des valeurs pourtant fondamentales dans une démocratie.
Un autre effet néfaste serait l'anéantissement des efforts réalisés par les radios locales associatives et commerciales dans le déploiement du DAB+ en France, une technologie cruciale pour moderniser leur réseau de diffusion terrestre. Ce déploiement longtemps attendu risque d’être stoppé net si les financements publics ne sont plus au rendez-vous. Le retard pris par la France au niveau européen dans ce domaine ne ferait qu'aggraver la situation, en amplifiant la domination des plateformes de streaming, exemptées notamment des obligations imposées aux radios, telles que les quotas de chansons francophones et d’information locale.
En réalité, cette volonté de déstabiliser le secteur de l’ESS s'inscrit dans un contexte plus large où des figures politiques remettent également en cause l’utilité des régulateurs tels que l’ARCEP et l’ARCOM, essentiels aux secteurs des télécommunications, de l’audiovisuel et de la communication numérique. Ces opérateurs, qui jouent un rôle de garde-fou face aux dérives des géants du numérique et des plateformes de streaming, sont aussi visés par des propositions de coupes budgétaires. Leur disparition ou leur affaiblissement entraînerait une accélération de la concentration du secteur autour de quelques grands acteurs privés nationaux et internationaux. En regardant ce qui se passe ailleurs en Europe, on observe des gouvernements mettant en place des stratégies similaires, non pas en muselant ouvertement les médias indépendants, mais en les privant de moyens financiers et en les rendant vulnérables à des pressions économiques. Cette forme d'asphyxie financière vise à contrôler indirectement le récit médiatique et à favoriser un modèle où seuls les grands acteurs, capables d'absorber des pertes ou de s'autofinancer, prospèrent. Il en résulte un appauvrissement de la qualité de l'information, où les voix différentes, alternatives et non mainstream sont progressivement écartées.
Derrière l’argument des économies budgétaires, certains politiques semblent chercher à réduire l'intervention publique dans des secteurs clés de la société. Sous couvert de rationalisation, ce projet de loi de finances menace directement des dispositifs qui ont prouvé leur efficacité, comme le FSER. Si l’État ne renforce pas son soutien financier aux radios locales, nous risquons de voir disparaître un pan entier de la création culturelle locale et de l’engagement citoyen, alors même que les radios associatives restent l’un des derniers espaces médiatiques locaux accessibles à tous. Des recommandations en faveur de la ruralité, ainsi que de l’éducation aux médias et à l’information, ont d’ailleurs été récemment formulées dans le Livre blanc de l’Arcom, le rapport des États généraux de l’information et le Plan Culture et ruralité.
EJ - Si des centaines de radios de catégorie A venaient à disparaître, ce PLF ne marquerait pas seulement un tournant, il risquerait de porter un coup fatal à l’ensemble du paysage radiophonique français. La radio, souvent invisibilisée par les pouvoirs publics, a toujours été un lien social fondamental, notamment dans les territoires ruraux où elle joue un rôle crucial d’information de proximité, de création culturelle et de cohésion. Lorsque l’État diminue son soutien originel, il expose ces médias à une fragilisation économique pouvant mener à leur disparition et ouvrant ainsi la voie à une concentration accrue du paysage médiatique. Cette concentration autour de grands groupes privés, souvent en lien avec des acteurs économiques puissants, menace directement la diversité de l'information et la pluralité des opinions, des valeurs pourtant fondamentales dans une démocratie.
Un autre effet néfaste serait l'anéantissement des efforts réalisés par les radios locales associatives et commerciales dans le déploiement du DAB+ en France, une technologie cruciale pour moderniser leur réseau de diffusion terrestre. Ce déploiement longtemps attendu risque d’être stoppé net si les financements publics ne sont plus au rendez-vous. Le retard pris par la France au niveau européen dans ce domaine ne ferait qu'aggraver la situation, en amplifiant la domination des plateformes de streaming, exemptées notamment des obligations imposées aux radios, telles que les quotas de chansons francophones et d’information locale.
En réalité, cette volonté de déstabiliser le secteur de l’ESS s'inscrit dans un contexte plus large où des figures politiques remettent également en cause l’utilité des régulateurs tels que l’ARCEP et l’ARCOM, essentiels aux secteurs des télécommunications, de l’audiovisuel et de la communication numérique. Ces opérateurs, qui jouent un rôle de garde-fou face aux dérives des géants du numérique et des plateformes de streaming, sont aussi visés par des propositions de coupes budgétaires. Leur disparition ou leur affaiblissement entraînerait une accélération de la concentration du secteur autour de quelques grands acteurs privés nationaux et internationaux. En regardant ce qui se passe ailleurs en Europe, on observe des gouvernements mettant en place des stratégies similaires, non pas en muselant ouvertement les médias indépendants, mais en les privant de moyens financiers et en les rendant vulnérables à des pressions économiques. Cette forme d'asphyxie financière vise à contrôler indirectement le récit médiatique et à favoriser un modèle où seuls les grands acteurs, capables d'absorber des pertes ou de s'autofinancer, prospèrent. Il en résulte un appauvrissement de la qualité de l'information, où les voix différentes, alternatives et non mainstream sont progressivement écartées.
Derrière l’argument des économies budgétaires, certains politiques semblent chercher à réduire l'intervention publique dans des secteurs clés de la société. Sous couvert de rationalisation, ce projet de loi de finances menace directement des dispositifs qui ont prouvé leur efficacité, comme le FSER. Si l’État ne renforce pas son soutien financier aux radios locales, nous risquons de voir disparaître un pan entier de la création culturelle locale et de l’engagement citoyen, alors même que les radios associatives restent l’un des derniers espaces médiatiques locaux accessibles à tous. Des recommandations en faveur de la ruralité, ainsi que de l’éducation aux médias et à l’information, ont d’ailleurs été récemment formulées dans le Livre blanc de l’Arcom, le rapport des États généraux de l’information et le Plan Culture et ruralité.