La Lettre Pro de la Radio & des Médias - La Puissance du Média Radio
La Lettre Pro de la Radio La Lettre Pro de la Radio


PLF 2025 : après le choc de l'annonce, les Associatives montent au créneau

Rédigé par le Jeudi 17 Octobre 2024 à 06:00 | modifié le Jeudi 17 Octobre 2024 à 06:00



La baisse annoncée de la dotation du FSER dans le cadre du PLF 2025 ne passe pas. Si cet effondrement du montant du Fonds de soutien se confirme dans les prochaines semaines, c'est un cataclysme qui attend les radios associatives, en particulier, celles situées dans les territoires ruraux. À CFM Radio, le choc de l'annonce a donc été particulièrement violent. Mais Hugues de Vezins, son dirigeant, ne compte pas rester les bras croisés. Bien au contraire...


"Nos antennes ne resteront pas silencieuses" promet Hugues de Vezins
"Nos antennes ne resteront pas silencieuses" promet Hugues de Vezins

LLPR - Le réseau CFM pèse 17 fréquences sur 4 départements avec 7 services radiophoniques et emploie 16 salariés et fédère 180 bénévoles. Si le PLF 2025 s’applique en l’état, que redoutez-vous ?
HDV -
Le budget du réseau associatif CFM radio, c’est 760 000 euros dont 54% provenant du FSER (hors financement à l’équipement). Chaque professionnel peut se rendre compte qu’avec un budget moyen de 108 000 euros par service radiophonique nous accomplissons des miracles. La baisse annoncée dans le PLF correspond à une perte immédiate pour CFM Radio de 125 000 euros.  La particularité de notre réseau est d’éditer un contenu assez généraliste sur un vaste territoire rural auprès duquel nous remplissons pleinement notre rôle de communication sociale de proximité.

Deux conséquences. Nos radios émettent dans des bourgs de 900 habitants (Caylus, Cordes…). Le marché publicitaire ne représente donc pas une alternative à la perte de notre financement par le FSER (absence de marché). Pour remplir notre rôle, nous devons couvrir un très large territoire et devons exploiter un grand nombre d’émetteurs. Une baisse aussi importante nous obligera à réinventer notre radio (si cela est possible) ou plus sûrement malheureusement à la fermer. Une échappatoire est encore envisageable pour CFM Radio. Les appels aux candidatures en cours sur lesquels nous avons réclamé des autorisations auprès de l’Arcom sur de grosses agglomérations notamment pour pouvoir équilibrer nos budgets (équilibre entre zone rural et zone urbaine). La réponse devrait tomber avant la fin de l’année.

LLPR - On dit que les radios associatives coûtent aux contribuables. Que pouvez-vous répondre ?
HDV -
Jusqu’en 2019, le FSER ne coûtait rien (ou presque rien aux contribuables). Les recettes de la taxe alors prélevée sur les recettes publicitaires des médias audiovisuels correspondaient aux dépenses de notre fonds. Pour rappel, le FSER était jusqu’en 2009, date de sa budgétisation forcée, un fonds de péréquation intra-sectoriel. Pour faire simple, les médias commerciaux payaient pour les médias non commerciaux qui avaient renoncé aux recettes publicitaires. Le contribuable ne payait rien. En 2019, l'article 26 de la loi de finances a procédé à la suppression des taxes sur la publicité audiovisuelle pour un montant total de 41 M€. Ce cadeau fiscal fait aux grandes chaines de télévision et stations de radio serait notamment le résultat des pressions exercées par TF1 en faisant valoir la distorsion de concurrence avec Netflix. Pour rappel, l’amputation subit par le FSER s’élève à 10.5 M€.

LLPR - Quel est l’état d’esprit de vos équipes ?
HDV -
Un sentiment d’injustice. Là où le gouvernement avait promis de s’en prendre aux plus riches, il s’en prend finalement aux plus pauvres des médias ; À nos médias les plus pauvres, on demande de supporter à 85% de l’effort budgétaire de la direction des médias du ministère de la Culture alors que les montants (tant mieux pour lui) du service public reste inchangé. Un sentiment d’abandon par l’État de nos territoires ruraux et des personnes qui y vivent. On est finalement ici dans une forme de continuité. La compréhension claire qu’au travers du prétexte de la loi de finance "on" a choisi de faire disparaître les radios associatives. Bien évidemment, une réelle inquiétude pour les salariés quant à leur futur. Le choc a été très violent. Je m’efforce d’être lucide mais aussi et surtout de donner à chacun, salariés et bénévoles, à espérer.
"Là où le gouvernement avait promis de s’en prendre aux plus riches, il s’en prend finalement aux plus pauvres des médias"

LLPR - Sur votre zone de diffusion, comptez-vous engager des actions sur le terrain ? Encouragez-vous les auditeurs à le faire ?
HDV -
Les actions ont démarré. Elles vont monter en puissance en fonction des résultats du rendez-vous de nos organisations représentatives avec le ministère de la Culture, ce vendredi. Le ministère de la Culture nous a certifié que la mesure venait de Bercy. Il ne tient qu’à lui de proposer un amendement rectificatif et d’indiquer par quel député de la majorité il entend le faire porter. Nous avons la chance de compter près de 200 bénévoles qui, au-delà de ce que nous avons imaginé, vont prendre l’initiative, dès lundi. Nous sommes pour l’instant dans l’explication auprès des élus, de nos bénévoles et de nos auditeurs. Nous avons la chance d’être très présent radiophoniquement sur le terrain. Ces moments vont être l’occasion pour nous d’interpeller les élus et les ministres pour qu’ils agissent. Une chose est certaine. Nous allons compter nos soutiens et nos antennes ne resteront pas silencieuses.


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur