Les revenus du streaming (-7% par rapport au CA prévisionnel avant Covid) ne permettront pas d’amortir l’effondrement des ventes de disques et des droits voisins (-40% par rapport au CA prévisionnel avant Covid pour 2020), dû à la fermeture des magasins et autres lieux ouverts au public. La chute des droits normalement collectés sur la période devrait affecter au-delà des six prochains mois les revenus des producteurs, et les aides apportées à plus de 300 projets potentiels. L’enjeu crucial aujourd’hui est de parvenir à minimiser l’impact et l’ampleur de ces pertes dans la durée, à préserver la capacité d’investissement, l’émergence de nouveaux talents et la diversité artistique et musicale dont la France reste un creuset.
Des propositions "fortes mais réalistes et nécessaires"
Dans cet esprit, les producteurs formulent des propositions "fortes mais réalistes et nécessaires" comme pérenniser et renforcer le crédit d’impôt à la production phonographique pour qu’il joue pleinement son rôle d’incitation à la production d’albums de nouveaux talents ; consolider les moyens alloués au CNM, la maison de la création ou encore plaider au niveau européen en faveur d’un taux de TVA réduit sur les CD et les vinyles (à l’image des autres produits culturels taxés à 5,5%) pour protéger les 4 000 points de vente en France, commerces de proximité, pourvoyeurs d’emplois et d’un accès démocratique aux produits culturels sur l’ensemble du territoire. Enfin, mettre en place un plan d’aide directe au bénéfice des TPE du secteur, dont le modèle économique est souvent incompatible avec les mécanismes de prêts...
Les pertes de CA annuelles oscillent entre 16% et 22%
En comparaison avec d’autres secteurs économiques pour lesquels un retour "à la normale" est envisageable en fin d’année, la reprise devrait être beaucoup plus tardive pour la musique enregistrée notamment du fait de la temporalité de versement des revenus (droits voisins, revenus du numérique…).
Les ventes physiques ont chuté de 88% pendant le confinement
Les ventes physiques représentent 52% du total des pertes du secteur sur la période de confinement, soit 88% du CA prévisionnel 2020 avant la crise sanitaire. Si la fermeture des magasins a mis la distribution "traditionnelle" à l’arrêt, la fermeture des entrepôts Amazon et l’allongement des délais logistiques a aussi touché les producteurs, pour lesquels le e-commerce restait le seul canal de distribution ouvert. Face à l’impossibilité temporaire de faire la promotion de nouveaux albums et l’arrivée d’une période calme pour le secteur, les labels ont reporté les sorties prévues au printemps, généralement une période réservée aux sorties de nouveaux artistes, à septembre ou janvier, périodes plutôt occupées par des artistes déjà connus...
Les ventes numériques n’ont pas amorti le choc
Contrairement à ce qui aurait pu être envisagé, les ventes numériques n’ont pas amorti le choc subi par les ventes physiques pendant le confinement. En effet, l’ampleur du choc sur le physique est difficile à rattraper même pour les producteurs positionnés sur le digital.Les pertes des ventes numériques sont estimées à 7.8M€, soit 11% du prévisionnel 2020 sur la période avant la crise. En volume, le streaming vidéo et le streaming financé par la publicité sont les deux supports qui ont été le plus touchés, principalement du fait de la baisse des dépenses publicitaires et donc des annonceurs. Ces pertes représentent 3.9M€ pour le streaming vidéo et 3,3M€ pour le streaming financé par la publicité sur la période. Ces deux segments représentent à eux seuls 92% des pertes des ventes numériques sur la période.