Le podium de BBC Radio 1, la station jeune de la BBC, au Lovebox Festival samedi dernier à Londres - Photo © Olivier Oddou
Une BBC en danger
Comme nous vous l'annoncions (lire ICI) il y a quelques jours, le Gouvernement britannique a envoyé cette semaine une note verte aux dirigeants de la BBC. Objectif : revoir de fond en comble la stratégie, les contenus et le fonctionnement de la BBC alors que les comptes de l'Etat doivent être gérés au plus près. La note verte, publiée ce jeudi, confirme la profonde remise en cause de la stratégie actuelle de la BBC ; de nombreux commentateurs estiment que la mission a pour but de "faire la peau" de la BBC, du moins de ce qu'elle est aujourd'hui : un média de masse, prédominant dans le paysage britannique, mais aussi avec un rayonnement international.
De nombreuses célébrités se sont d'ailleurs empressées cette semaine de venir au secours de la BBC, soulignant notamment que sa puissance contribuait au rayonnement du Royaume-Uni dans le monde.
De nombreuses célébrités se sont d'ailleurs empressées cette semaine de venir au secours de la BBC, soulignant notamment que sa puissance contribuait au rayonnement du Royaume-Uni dans le monde.
Des radios menacées
Si la télé est la première cible de cette mission, avec notamment la remise en cause d'émissions considérées trop grand public, les radios ne sont pas non plus épargnées. Si l'existence de BBC Radio 4, l'équivalent de notre France Culture, n'est bien sûr pas remise en cause, il n'en est pas de même pour BBC Radio 1 et BBC Radio 2.
La première, à destination des jeunes, n'hésite pas en effet à programmer une playlist faite des grands tubes du moment. Depuis quelques années elle affiche clairement son souhait de cibler les 15/24 ans du pays, au risque de se mettre à dos Robbie Williams, jugé trop "hors format" pour une cible jeune et déprogrammé manu militari de la playlist il y a deux ans. Un mini scandale à l'époque. Les flashes d'information sont édictés chaque heure sur un fond musical électronique branché, ils sont d'ailleurs appelés "Newsbeat".
La radio a enfin massivement investi sur les réseaux sociaux et sa chaîne YouTube, comprenant que les jeunes n'écoutaient plus "seulement" de la radio.
La première, à destination des jeunes, n'hésite pas en effet à programmer une playlist faite des grands tubes du moment. Depuis quelques années elle affiche clairement son souhait de cibler les 15/24 ans du pays, au risque de se mettre à dos Robbie Williams, jugé trop "hors format" pour une cible jeune et déprogrammé manu militari de la playlist il y a deux ans. Un mini scandale à l'époque. Les flashes d'information sont édictés chaque heure sur un fond musical électronique branché, ils sont d'ailleurs appelés "Newsbeat".
La radio a enfin massivement investi sur les réseaux sociaux et sa chaîne YouTube, comprenant que les jeunes n'écoutaient plus "seulement" de la radio.
Trois fois premiers
BBC Radio 2, quant à elle, est un format assez atypique. Mi-généraliste, mi-musicale, elle alterne programmes parlés, shows, et musique, principalement issue du top 50 de ces 40 dernières années. Son format le plus proche en France serait sans doute France Bleu, sans les décrochages locaux et avec peut-être un peu plus d'humour "British" (forcément). L'animateur déluré de sa matinale, Chris Evans, vient de prendre la tête de la célèbre émission télé Top Gear, mêlant sport automobile et surtout dérision permanente. Sa cible : le grand public et la famille. Là encore, objectif avoué : rassembler, parler à tous.
Bilan des courses : trois radios de la BBC occupent les trois premières places de l'audience nationale : BBC Radio 4 (la culture, les programmes parlés - 15 millions d'auditeurs), BBC Radio 2 (la généraliste familiale - 10 millions) et BBC Radio 1 (la radio jeunes, 10 millions). Les radios privées restent au pied du podium...
Bilan des courses : trois radios de la BBC occupent les trois premières places de l'audience nationale : BBC Radio 4 (la culture, les programmes parlés - 15 millions d'auditeurs), BBC Radio 2 (la généraliste familiale - 10 millions) et BBC Radio 1 (la radio jeunes, 10 millions). Les radios privées restent au pied du podium...
Helen Boaden défend ses radios
Helen Boaden au micro de La Lettre Pro de la Radio en 2014 lors des Radiodays à Dublin © Brulhatour
Est-ce à dire que la BBC est "trop" grand public, voire qu'elle userait de procédés trop commerciaux pour sa programmation ? Helen Boaden, directrice des radios de la BBC, s'en défend. Le lendemain même de la publication de la note verte du gouvernement, elle a publié sur son blog un plaidoyer pour BBC Radio 1 et BBC Radio 2.
Réfutant toute manque de distinction avec les formats commerciaux, elle rappelle que BBC Radio 1 programme jusqu'à 6 fois plus de bulletins d'information que ses concurrentes commerciales. Elle souligne que la radio programme des documentaires, qu'elle soutient des actions sociales et que ses programmes sont composés à 40% de talks, bien loin devant les privées. Concernant la musique, elle rappelle que 60% des artistes joués par BBC Radio 1 sont britanniques et qu'elle a contribué au lancement de nombreux jeunes. Les rotations seraient aussi beaucoup plus faibles, et Helen Boaden de citer que Radio 1 a joué 4 000 titres différents en juin, contre seulement... 400 sur Capital FM !
Réfutant toute manque de distinction avec les formats commerciaux, elle rappelle que BBC Radio 1 programme jusqu'à 6 fois plus de bulletins d'information que ses concurrentes commerciales. Elle souligne que la radio programme des documentaires, qu'elle soutient des actions sociales et que ses programmes sont composés à 40% de talks, bien loin devant les privées. Concernant la musique, elle rappelle que 60% des artistes joués par BBC Radio 1 sont britanniques et qu'elle a contribué au lancement de nombreux jeunes. Les rotations seraient aussi beaucoup plus faibles, et Helen Boaden de citer que Radio 1 a joué 4 000 titres différents en juin, contre seulement... 400 sur Capital FM !
Grand public... et pourtant différent !
Même constat de la directrice pour Radio 2 : Ses 50% de temps d'antenne en programmes parlés la différencient de la concurrence privée. Elle réfute aussi les similitudes entre Radio 1, axée 15/24 ans, et Radio 2 dont l'âge moyen dépasse les 50 ans. C'est justement le repositionnement de Radio 1 sur les très jeunes qui a payé (le fameux cas Robbie Williams...). Les deux radios ne partagent désormais que 10% de titres musicaux en commun.
La directrice termine son message en soulignant que malgré leur particularité, leur originalité par rapport à l'offre privée, les deux stations rassemblent de larges audiences, et elle n'ont pas à en avoir honte, ne serait-ce que pour rendre la monnaie de leur pièce aux contribuables. Pour Helen Boaden, être différent n'est pas antagoniste d'être rassembleur. Et les audiences de ses stations sont pour elle le fruit de ce travail de fond qu'elle appelle à ne pas détruire.
La directrice termine son message en soulignant que malgré leur particularité, leur originalité par rapport à l'offre privée, les deux stations rassemblent de larges audiences, et elle n'ont pas à en avoir honte, ne serait-ce que pour rendre la monnaie de leur pièce aux contribuables. Pour Helen Boaden, être différent n'est pas antagoniste d'être rassembleur. Et les audiences de ses stations sont pour elle le fruit de ce travail de fond qu'elle appelle à ne pas détruire.