Flashback en 2012 - Le spot provincial a toujours la côte

La Lettre Pro de la Radio n°24 du 21 septembre 2012

Rédigé par le Vendredi 8 Aout 2014 à 10:00 | modifié le Mercredi 6 Aout 2014 à [HEURE]



Avec le développement du haut débit et la possibilité d’enregistrer des voix à domicile, le nombre de studios provinciaux de production a connu ces dernières années une belle envolée. Pourtant, seule une dizaine d’entre eux se partagent un gâteau relativement lucratif...


Sergio de Felice est un vrai passionné de radio mais surtout un vrai professionnel issu d’une époque où l’on calait les 45 tours avec l’index et où les spots publicitaires étaient stockés sur des K7 sans amorce déposés à  La Poste avant 16h… Les temps ont changé. Pas Sergio. L’ancien animateur de Fun Belgique se remémore le bon vieux temps : celui durant lequel il a tâté du micro avant que sa voix ne soit repérée par un studio qui lui a mis le pied à l’étrier : "j’ai créé mon studio au bon moment. C’était en 1997. Bien sûr, les clients partent, reviennent mais mon ancienneté est une valeur sûre" se plait à souligner ce jeune quadra. Au fil des années, Def Studio s’est développé et souffle cette année ses quinze bougies. Rares sont ces studios de province qui connaissent une telle longévité sur ce marché où la concurrence est particulièrement agressive pour ne pas dire féroce. Paradoxalement, Sergio de Felice ne ressent pas la crise : "certes, entre 2001 et 2006, j’ai obtenu de meilleurs résultats financiers. Aujourd’hui, mon chiffre d’affaires se situe entre 80 K€ et 120 K€ ". Ses clients ? Principalement les radios de province, de l’associative à la webradio, de la locale privée à la catégorie C et plus rarement quelques nationales.

Des prix tirés vers le bas

"Nous studios, nous obéissons aux radios qui travaillent en lien étroit avec les annonceurs locaux. Il n’y a pas vraiment de règles définies. Certains sont très directifs dans leurs commandes, d’autres nous laissent une liberté totale. Dans ce cas, cela donne toujours de très bons résultats". Sergio de Felice reconnait néanmoins "une uniformisation du spot publicitaire". Surtout celui issu des studios de province : "lorsque l’on facture un spot 50 € et que la station le revend 150, ce sont 150 € en moins d’espace pour l’annonceur". Si la création, cela coûte cher, il est difficile d’être créatif lorsque des commerciaux réclament un spot dans l’heure et à moins de 50 € l’unité. Et puis il y a les coûts annexes : "je travaille avec les bases de TM Century et celles des Sons du Producteurs. C’est un investissement d’environ 3 000 € supplémentaires par an pour assurer à mes clients une qualité minimum". Sergio de Felice multiplie les promotions et propose désormais un paiement sécurisé sur son site : "j’ai créé le ChronoSpot, un spot une voix/une musique livré en moins de 60 minutes. Et le vendredi à 16h, les commandes sont nombreuses" souligne Sergio de Felice. Le producteur n’hésite pas à parler de "spot discount" même si le gros de son activité repose sur spots dotés de quelques FX et avec plusieurs voix. Prix de vente : 35 € HT. Le spot chanté ferme le banc à 99 € HT mais "il ne se vend que dans le Nord, en Belgique et en Suisse".

Un marché qui part en vrilles

Sergio de Felice compare l’actuel marché de la voix à "un marché aux bestiaux". Selon lui, il y a des imposteurs : "je refuse beaucoup de candidatures car il s’agit le plus souvent de voix off et pas de comédiens. Certains passent désormais directement par les radios et cassent davantage les prix". Malgré tout, et les professionnels l’avouent, le spot une voix/une musique, produit près de Valenciennes ou ailleurs en province, a encore quelques belles années devant lui…

La cécité de Sergio

Il l’avoue lui-même : "des filles ont flashé sur ma voix mais lorsqu’elles se sont aperçues que j’étais non-voyant, elles ont vite déchanté" plaisante celui qui réalise, malgré sa cécité, une incroyable prouesse quotidienne qui impose le respect. "J’enregistre sur une console 24 pistes. Je suis très tactile et j’ai forcément une excellente oreille. Je mixe et je normalise ensuite sur SoundForge. Mon clavier, je le connais par cœur et pour lire mes commandes, je dispose d’une synthèse vocale. Tous mes PC sont vocalisés".
 
Contact :
Sergio de Felice
Tél. + 33 611 954 555
www.defstudio.com
def@defstudio.com

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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