Dans le premier cas, l’auditeur est attentif à vos propos. Il monopolise une grande partie de son attention sur votre message. Dans le second cas, pas vraiment. Disons que vous produisez sur lui, à peu près, le même effet que provoque chez vous une musique de supermarché lorsque vous poussez votre caddie.
Si vous estimez devoir seulement être entendu par vos auditeurs, je doute que les résultats d’audience soient, à long terme, à la hauteur de vos espérances. Je doute également que vos auditeurs soient réactifs pour participer à un jeu au téléphone, pour transformer leur curiosité en impulsion d’achat après la diffusion d’un écran publicitaire ou pour mémoriser votre empathie au micro afin de se brancher une nouvelle fois sur votre radio.
Et soudain… Votre attention est éveillée
Prenons un exemple très concret. Qu’est-ce qui dans la vie courante est susceptible de capter soudainement votre attention, autrement dit, de focaliser celle-ci sur ce qui vous entoure alors que vous ne l’auriez certainement pas fait si "ce petit truc en plus" n’était pas intervenu ? La sirène d’une voiture de police ? La sonnerie de votre téléphone portable ? Ou est-ce cet effluve de parfum qui met brusquement vos sens en éveil alors que vous marchez tranquillement dans une rue piétonne ?
C’est tout cela et bien plus encore ! Mais il y a un point commun à tous ces réflexes : la surprise. Vous avez été surpris à un moment précis sans pour autant l’avoir désiré. A la radio, c’est la même chose. L’auditeur vient souvent par hasard sur votre fréquence. C’est à vous de le surprendre grâce à "ce petit truc en plus" pour faire en sorte qu’il vous écoute et qu’il devienne fidèle.
Pourquoi croyez-vous qu’un professeur doit aujourd’hui déployer des trésors d’imagination pour capter, dans un premier temps, l’attention de ses élèves et, dans un deuxième temps, les tenir en haleine durant une heure ou quelquefois davantage ?
Être surpris à chaque minute
Dans un premier temps, vous devez proposer des programmes en phase avec votre cible. Celle-ci ne sera que plus réactive pour vous écouter lorsque vous lui proposerez de la musique, des informations et des services en rapport avec elle. Elle sera déjà intéressée parce que vous lui facilitez la tâche.
Dans un deuxième temps, l’intonation de la voix, son débit, le phrasé, l’angle du reportage, l’enchaînement, un ton interrogatif ou moqueur … sont autant d’éléments qui peuvent permettre à l’auditeur de passer en mode écoute ! Au même titre d’ailleurs qu’un bafouillage, que des rires ou qu’un blanc à l’antenne.
Dans "1001 idées pour réussir à la radio", nous consacrons plusieurs pages (de 38 à 43) au teasing. Nous expliquons comment l’animateur, mais également -et malheureusement on l’oublie trop souvent- le journaliste, doivent non seulement interpeler l’auditeur, mais aussi le convaincre de rester le plus longtemps possible.
Chaque minute doit être une surprise
La surprise peut se matérialiser de différentes manières à et autour de la radio. Recréer l’ambiance du Salon de l’agriculture dans votre studio à défaut d’avoir le budget pour le décentraliser à Paris ou jouer la carte de l’originalité dans le cadre d’une opération de Street Marketing… Les idées sont nombreuses et dépendent systématiquement de votre capacité, non pas à les concrétiser mais à demeurer créatif. Choisir le bon sujet au bon moment, éveiller la curiosité de vos auditeurs… Il ne s’agit plus d’utiliser les formules toutes faites, celles qui polluent vos propos ("nous sommes les meilleurs", "merci d’être avec nous" ou "merci de votre fidélité", "bienvenue à toutes et à tous") pour capter l’attention !
L’objectif de votre travail quotidien à la radio, que vous soyez dans un studio à Bordeaux, en Belgique ou en Suisse, c’est bien d’être écouté n’est-ce pas ?