Flashback en 2011 - Conscience d'industrie

Vous avez dit quotas ?

Rédigé par le Lundi 12 Aout 2013 à 08:00 | modifié le Jeudi 5 Janvier 2017 à [HEURE]



Imaginez-vous un instant les laboratoires pharmaceutiques en guerre contre les hôpitaux ? Croyez-vous que les fabricants de pneus peuvent se permettre la guerilla contre les grandes marques automobiles ?


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Ces hypothèses paraissent farfelues, et pourtant, les déclarations récurrentes des majors, des éditeurs, des sociétés de droits, comme des radios (surtout pas unies), témoignent d'une absence de conscience d'appartenir à la même industrie. 
 
La panique qui s'est emparée des majors à l'arrivée de Napster (c'est-à-dire il y a quand même 12 ans !) a profondément marqué l'industrie musicale, qui se sait désormais cernée par des pratiques qu'elle ne pourra jamais arrêter et qui modifient profondément ses affaires. Il est des pays où l'on donne désormais un Disque d'Or pour 2.000 exemplaires vendus ! 
 
Dans cette lutte pour s'adapter aux nouveaux modes de consommation de la musique, la radio est un partenaire privilégié et historique des éditeurs musicaux. Il est donc de l'intérêt de toute l'industrie de se présenter en force, tous acteurs réunis, face au législateur. Or, force est de constater qu'il n'en est rien. La lutte permanente des majors pour "plus de quotas" ou en tous cas pour la conservation ad minima des quotas existants, met en péril l'équilibre d'une industrie. Si les labels ont du affronter le téléchargement illégal depuis 10, 15 ans, c'est au tour des radios d'être confrontées aux flux customisés (Pandora, Deezer, Spotify & consorts). Dans ces flux fabriqués sur mesure par de savants algorithmes pour coller le plus près possible aux goûts de l'utilisateur, pas de place pour la chanson française et ses textes qui s'extasient devant des constatations hautement philosophiques comme "l'eau, ça mouille". Dans ces feeds, plus de place pour les albums complaisamment signés "Parce qu'avec les quotas, tu sais, ça sera forcément un succès". 
 
On voit déjà arriver dans les études comportementales un début d'écoute systématique des radios US sur le net. Lorsqu'on en demande la motivation, la réponse est toujours la même : "Pour ne pas avoir à entendre les m*rdes françaises !" C'est la SEULE et unique motivation de ces explorateurs radiophoniques.
 
Si ce comportement prend une certaine ampleur, il est certain que des opérateurs puissants finiront par proposer des offres "hors du territoire français", par conséquent non soumises aux quotas.
 
Il serait bon d'y penser avant… d'anticiper un petit peu, non ?
 
Or, comme on le sait depuis 15 ans, l'anticipation n'est pas le point fort de l'industrie musicale. Pourtant, nous sommes tous dans ce bateau. Evitons qu'il se transforme en radeau.

Denis is an international senior radio executive credited with market share gain successes with… En savoir plus sur cet auteur
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