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Comprendre le streaming

Lundi 30 Juillet 2018


Une webradio a le streaming dans la peau, c'est d'ailleurs plutôt sa colonne vertébrale… Chez les radios traditionnelles, c'est beaucoup moins évident, puisque la cohabitation technique et éditoriale avec le hertzien est loin d'être évidente pour les non-initiés.


Le streaming, c'est quoi ?

La traduction littéraire du mot "streaming" évoque un flux, tel un ruisseau au courant continu qui s'écoulerait sans fin dans l'internet magique et obscur. En réalité, les fondamentaux sont bien plus terre-à-terre et les bases d'un système de streaming audio sont devenues accessibles à tout écolier curieux qui se respecte.

Il n'existe pas mille stratégies pour diffuser son flux audio sur internet : soit on dispose de moyens et d'infrastructures réseau colossales pour envisager une distribution directe, soit on délègue cette lourde tâche à un opérateur de stream, un prestataire technique qui dispose de serveurs bien placés et dimensionnés, et dont l'hébergement data est le métier.

Ainsi, la station n'envoie qu'une seule fois son flux audio vers internet, même si elle ne dispose que d'une modeste connexion ADSL traditionnelle (ce qui est le cas d'une majorité écrasante de radios en France). C'est l'opérateur de stream qui assume ensuite la charge de "multiplier" ce flux audio pour en assurer sa propagation mondiale.

Où prendre la source audio ?

Côté station de radio, plusieurs points de prélèvement sont possibles, selon le budget et le perfectionnisme de la station. La solution la plus simple consiste à installer un logiciel de streaming directement sur une machine déjà impliquée dans la chaîne audio de la station.

A - Prélèvement de la pige studio
L'ordinateur en charge de la pige est un choix logique. C'est le schéma classique des radios associatives, où un simple flux "maison" RTP, Shoutcast ou ICEcast peut faire le job en reposant sur une plate-forme de distribution telle que RadioKing. Les automations modernes seront d'ailleurs capables d'adjoindre les données associées, titres pochettes etc. pour agrémenter l'expérience de l'utilisateur final.

B - Prélèvement du son traité
Avec un peu d'ambition, il vaut mieux confier cette mission du streaming à un équipement matériel dédié et ultra fiable. Par exemple, un boîtier autonome capable d'accepter le son en AES (ou en XLR analogique), qu'on placera en bout de chaîne, en sortie de traitement final. Certains opérateurs de stream proposent ce type de matériel à la location, comme Creacast et ses Créabox (B sur le schéma).

Enfin, les traitements de son intègrent désormais systématiquement une solution de streaming dans leur interface de paramétrage. C'est la solution la plus compacte et probablement la plus fiable, puisque le traitement devient alors un point de livraison multisupport à lui seul. Sur un équipement haut de gamme, on peut d'ailleurs travailler une acoustique différente en fonction de la sortie : une compression plus agressive pour remplir le spectre FM d'un côté, une musicalité plus fine pour les streams destinés à internet, un prétraitement sans latence pour les retours casque en studio, etc.

Compression et bande passante

Le puriste en vous rêve de diffuser sa radio en PCM non compressé jusqu'aux oreilles de l'auditeur, pour murmurer dans le creux de ses oreilles avec la résolution acoustique d'un CD. Sachez-le, c'est bel et bien techniquement possible, mais financièrement déraisonnable, et inutilisable par le commun des mortels.

Diffuser vers internet implique quelques sacrifices sonores. N'oubliez jamais que l'auditeur final sera probablement en mouvement, tributaire d'un réseau 3G neurasthétique, pendu à un smartphone instable, le tout probablement massacré par les mauvais écouteurs fournis avec. D'ailleurs, quoi que vous fassiez, l'opérateur de streaming (dont c'est le métier, rappelons-le) préconisera toujours tel ou tel format de compression pour garantir la qualité audio la plus importante possible, tout en conservant une bande passante faible et une latence réduite. Il est même possible qu'il re-compresse à son tour le stream, dynamiquement en fonction de la bande passante disponible vers l'auditeur (ce que permettent notamment les "encapsulations segmentées", comme le HLS).

Depuis une dizaine d'années, l'industrie du streaming s'écarte des technologies MPEG 2 et 3, pour lui préférer l'AAC et ses nouvelles déclinaisons (AAC+, HE-AAC, etc.). Les harmoniques y sont moins torturées, et la tolérance aux perturbations réseau est meilleure.

La compression AAC+ à 256 Kbps est souvent annotée "haute qualité" dans les menus déroulants des logiciels. Pour rappel, 256 Kbps était le débit de base des toutes premières offres Wanadoo Netissimo à la fin des années 1990. La Préhistoire du haut débit.



Florian Martin
Consultant IP & Broadcast, au service des radios et des fournisseurs. Facilitateur IP. En savoir plus sur cet auteur


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