Belgique : les Impacts de la crise sur le secteur audiovisuel

Rédigé par le Vendredi 26 Mars 2021 à 06:50 | modifié le Vendredi 26 Mars 2021 à [HEURE]


Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie son second rapport d’impact de la crise sanitaire sur les services de médias audiovisuels régulés en Fédération Wallonie-Bruxelles pour la période mai-décembre 2020. Premier enseignement : les médias de petite taille sont davantage impactés par la crise sanitaire...


Une écrasante majorité des radios déclare continuer à ressentir les effets de la crise économique 9 mois après le début de celle-ci. Remarquons que les seules radios préservées de l’impact de la crise économique sont celles qui fonctionnent sur un modèle non-commercial © CSA
Le rapport concerne les télévisions privées, la RTBF, les Médias de proximité, les radios privées en réseau et indépendantes et les web TV. En moyenne, plus de la moitié des éditeurs par secteur ont répondu à cette seconde enquête avec un total de 68 répondants. Pour certains secteurs qui regroupent des acteurs de plus petite taille, comme les web TV et les radios indépendantes, les conclusions du rapport sont inquiétantes.

Le premier rapport publié en mai 2020 envisageait la crise davantage sur la programmation et la réorganisation (notamment interne) des médias. Deux mois après le début du premier confinement, les effets économiques liés à la baisse des investissements publicitaires se faisaient déjà ressentir et les éditeurs exprimaient des craintes pour la période estivale. Le second rapport confirme l’impact économique de la crise sur l’ensemble du secteur, mais avec des disparités importantes en fonction des acteurs. Ce sont surtout les éditeurs de petite taille qui sont les premières victimes des deux confinements. Ces derniers ayant peu ou moins accès aux annonceurs nationaux, ils n’ont pu bénéficier de la reprise de fin d’année sur ce marché.

En outre, ils sont, dans certains cas, impactés par d’autres effets de la crise sanitaire tels l’arrêt complet du secteur évènementiel et l’interdiction de rassemblement.
Les radios en réseau sont mieux protégées des effets de l’effondrement du marché publicitaire, ayant pu tirer parti d’une reprise de la publicité à l’échelle nationale dans la deuxième moitié de l’année. A contrario, le marché de la publicité locale et ultra-locale s’est totalement effondré pendant la période mesurée © CSA


Le rapport se penche enfin sur l’impact de la crise en matière d’emploi au sein des médias et sur les aides financières qui ont été attribuées au secteur à ce jour. Depuis le début de la crise, 2 993 689.02 € ont été octroyées au secteur médiatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont 25% en télévision, 23% en radio et 52% en presse écrite.
Parmi les radios en réseau, ce sont les réseaux provinciaux et un réseau en pur DAB+ qui ont exprimé rencontrer des problèmes de liquidité, ce qui confirme encore que les acteurs nationaux d’une certaine taille sont "tirés d’affaire", au contraire des acteurs locaux © CSA

Radio : une crise à deux vitesses

Les acteurs nationaux ont pu sauvegarder une partie importante de leur chiffre d'affaires et limiter la casse grâce à la reprise de la publicité à l’échelle nationale dans la deuxième moitié de l’année. A contrario, le marché de la publicité locale et ultra-locale s’est totalement effondré pendant la période mesurée, au détriment des radios indépendantes principalement. En outre, les radios indépendantes tirent normalement une partie significative de leurs revenus de l’organisation d’événements locaux ou de partenariats sur l’organisation d’événements. L’arrêt complet du secteur événementiel les impacte donc au premier plan, faisant disparaître une seconde source de revenus. En conséquence, les déclarations des sondés indiquent une réduction moyenne du chiffre d’affaires des radios indépendantes de 62% et 25% pour les radios en réseau.
Les montants des aides en Belgique ont varié entre 16 500 € pour le plus petit montant et 461 000 € pour l’aide la plus conséquente. Au niveau des radios, 33 services ont reçu une aide : 6 radios en réseau dont tous les réseaux provinciaux et 27 radios indépendantes © CSA

Une survie qui est en jeu

La proportion d’éditeurs déclarant faire face à des problèmes de liquidités est passé de 33% en juin 2020 à 40% en moyenne au mois de décembre 2020, tant pour les radios indépendantes que pour les radios en réseau. Cette tendance inquiète le CSA dans la mesure où on peut s’attendre à ce que cette proportion continue à augmenter en cas de prolongation de la crise sanitaire. Certains éditeurs n’ont plus que 6 mois de réserves de trésorerie. Dans la catégorie des radios en réseau, ce sont surtout les radios à couverture provinciale qui sont concernées, ce qui confirme encore que les acteurs nationaux d’une certaine taille sont « tirés d’affaire », au contraire des acteurs locaux et/ou de petite taille que sont les radios indépendantes, ou les radios en réseau à couverture plus locale.
Interrogés sur l’impact que la crise économique pourrait avoir sur la poursuite de leurs activités, 40% des répondants en réseau et 65% des radios indépendantes déclarent que leur survie est en jeu. Autrement dit, deux radios indépendantes sur trois pourraient disparaître si la crise économique se prolonge.

Des aides pour soutenir la radio

Les montants de ces aides pour les radios indépendantes ont varié entre 1 180 € pour le plus petit montant et 31 000 € pour l’aide la plus conséquente. Pour les radios en réseau entre 18 000 € et 151 100 €. Ces aides ont servi dans tous les domaines de l’activité des services : maintien de l’emploi, engagements, paiements des charges, apurement de dettes, achats de matériel, réduction des pertes...
Le rapport complet est accessible ICI. Les infographies sont visibles .

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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